Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/107

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point de séné, me parolt comme un verre de limonade, et c’en est en effet[1] je la pris, pour n’y plus penser, parce qu’il y avoit longtemps que je n’avois été purgée ; je ne m’en sentis pas. Vous faites trop d’honneur à ce remède ; mon fils n’en sort pas moins le matin ; c’est un remède pour ôter le superflu bien superflu, qui ne va point chercher midi à quatorze heures, ni réveiller tous les chats qui dorment. Nous faisons une vie si réglée, qu’il n’est pas quasi possible[2] de se mal porter. On se lève à huit heures ; très-souvent je vais, jusqu’à neuf heures que la messe sonne, prendre la fraicheur de ces bois ; après la messe, on s’habille, on se dit bonjour, on retourne cueillir des fleurs d’orange, on dîne, jusqu’à cinq heures on travaille ou on lit[3] depuis que nous n’avons plus mon fils, je lis pour épargner la petite poitrine de sa femme. A cinq heures je la quitte[4](Ibidem.), je m’en vais dans ces aimables allées ; j’ai un laquais qui me suit[5], j’ai des livres, je change de place, et je varie les tours de mes promenades :un livre de dévotion et un autre d’histoire : on change[6], cela fait du divertissement ; un peu rêver à Dieu, à sa providence, posséder son âme, songer à l’avenir ; enfin, sur les huit heures, j’entends une cloche, c’est le souper ; je suis quelquefois un peu loin ; je retrouve la marquise dans son beau parterre : nous nous sommes une compagnie ;on soupe pendant le chien et le

  1. 7. Les mots : « et c’en est en effet, » ne sont pas dans l’édition de 1737.
  2. 8. « Qu’il n’est guère possible, » (Édition de 1754.)
  3. 9. « On dîne, on lit ou l’on travaille jusqu’à cinq heures. » (Ibidem.)
  4. 10. «  Je la quitte à cinq heures. »
  5. 11. Ces mots « j’ai un laquais qui me suit, » ne sont pas dans l’édition de 1737.
  6. 12. « Et je varie le tour de mes promenades; un livre de dévotion et un livre d’histoire : on va de l’un à l’autre. »(Edition de 1754.)