Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/120

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1195. --DE MADAME DE SÉVIGNÉ

à MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce mercredi 13è juillet.

Je[1] j n’ai point reçu deux paquets ensemble, comme je l’espérois. Je suis bien assurée qu’il y en a un d’égaré du 28è ou du 30è juin : je serois fâchée s’il étoit perdu, et surtout si dans ce paquet j’avois perdu aussi la réponse que j’attends de vous sur le mémoire qui regarde M. de M***[2]2 car on l’attend à Rennes avec impatience ; je répondrois bien que vous ne contesterez point toutes les belles terres de ce mémoire ; il me semble que ce M*** est fort riche, qu’il a de beaux meubles, qu’il est un fort bon et honnête homme : son fils est joli et bien fait, n’est-ce pas ? Ce n’est point tout cela qui lui manque ; si on me presse sur sa bonne maison, je mangerai des pois chauds comme M. de la Rochefoucauld[3]. Si votre réponse est dans le paquet perdu, redites-moi à peu près ce que je dois dire, de peur que votre silence ne donne du soupçon, comme à Marie-Jeanne de Flandre je suppose que vous n’avez pas oublié ce conte de du Bellay.

Nous avons un temps de pluie et de vent qui me fait un peu triste, il dérange mes jolies promenades ; mais je vois que M. Nicole ne veut point qu’on se plaigne du temps[4]. Pour ma Providence, je ne pourrois pas vivre en

  1. LETTRE 1198.-- 1. Tout ce premier alinéa manque dans l’édition de 1737.
  2. 2. M. de Marignanes. Voyez la lettre du 8 juin précédent, p. 75, et le commencement de la lettre suivante, p. 119.
  3. 3. Voyez tome VI, p. 43.
  4. 4. Mme de Sêvigné songeait sans doute à ce passage du traité de Nicole qu’elle venait de relire (voyez p. 84, la fin de la lettre du 15 juin précédent) : Pour s’accoutumer à se soumettre à la volonté de Dieu dans les grands événements capables d’ébranler et d’abattre