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1689
qu’elle savoit véritable, sur l’argent que cette chicane avoit coûté, sur la plainte qu’elle faisoit qu’on avoit étranglé son affaire après vingt-deux vacations, sur la délicatesse de cette conscience, sur cette opiniâtreté contre l’avis de ses meilleurs amis. M. de la Faluère m’écoutoit avec attention et sans ennui : je vous en réponds. Sa femme est à Paris. Ensuite on dina, on fit briller le vin de Saint-Laurent[1], et en basse note entre M. et Mme de Chaumes, l’évêque de Vannes et moi, votre santé fut bue, et celle de M. de Grignan, gouverneur de ce nectar admirable : enfin, ma fille, il est question de vous à l’autre bout du monde. Nous vîmes une fort jolie fille qui feroit de l’honneur à Versailles ; mais elle épouse M. de Querignisignidi, fort proche voisin du Conquêt[2]11, et fort loin de Trianon. M. de Revel est parti ce matin pour aller voir Brest, qui est présentement la plus belle place qu’on puisse voir. Il verra[3] M. de Seignelai dans son bord, M. le maréchal d’Estrées sur le pavé des vaches à Brest ; il admirera l’armée navale, la plus belle qu’il est possible ; il partagera l’impatience de l’arrivée du chevalier de Tourville ; il apprendra au juste le nombre des vaisseaux de nos ennemis à l’île d’Ouessant, et reviendra dans quatre jours, content de sa curiosité, et nous disant tout ce qu’il aura vu ; ce sera de quoi dévider[4]Mme de Chaulnes sort d’ici elle va vous écrire. Outre le plaisir que je lui fais, elle a celui de croire qu’elle vous
- ↑ 10. Voyez tome VIII, p. 557, 558 et note 3
- ↑ 11. Le Conquêt est situé au fond de la Bretagne,.dans un endroit appelé le bout du monde, ad fines terrae. (Note de Perrin, 1754.) C’est l’extrémité du département du Finistère.
- ↑ 12. « II trouvera. » (Édition de 1754.)
- ↑ 13. Voyez la-lettre suivante, p. 147, note 10. Tourville arrivait à Brest le jour même où Mme de Sévigné écrivait cette lettre.