Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/149

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en fait un très-sensible de m’ôter des Rochers, que vous lui avez représentés tout autrement qu’ils ne sont; car l’air, que vous voulez croire mauvais, est très-bon[1] : c’est un lieu qui me plaît, dont les promenades sont agréables, et dont la vie me convient et me charme. Il est vrai que j’y ai souffert quelques maux ; mais j’aurois été encore plus malade ailleurs. Cette duchesse ne cesse de me dire que la belle Comtesse sera ravie qu’elle m’ait tirée de ce mauvais air des Rochers : quand cela est dit une fois, c’est pour toujours. Enfin, ma chère fille, c’est vous qui me faites faire cette campagne, la Providence le veut ainsi : je m’en accommode, parce que j’ai l’esprit aisé, et que j’aime et dois aimer M. et Mme de Chaulnes; mais quand Dieu voudra que je retourne à ces Rochers, que vous décriez injustement, je vous assure que j’en serai parfaitement contente.

Mandez-moi si en Provence le parlement ne fait pas à l’égard du lieutenant général comme au gouverneur, et si deux présidents avec six conseillers[2] ne vont pas en députation au-devant de M. de Grignan à une lieue d’Aix, quand il y arrive[3]. Ici le premier président va chez le gouverneur, dès que celui-ci est arrivé, avec un autre président et six conseillers ; et puis le gouverneur rend la visite. J’ai trouvé à Vannes plusieurs de mes anciens amis du parlement. On ne peut recevoir plus de politesses qu’on m’en fait partout ; je trouve partout aussi des neveux de votre père Descartes. Je reçois votre lettre du 19è. Les gouverneurs sont commodes :ils envoient




1689

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  1. 14. « Y est très-bon, » (Édition de 1754.)
  2. 15. «cDeux présidents et six conseillers. » (Ibidem.)
  3. 16. Ce cérémonial ne s’y observe qu’une fois, c’est-à-dire lorsque le gouverneur ou le lieutenant général viennent se faire recevoir en cette qualité. On en use dans la suite à peu près comme en Bretagne. (Note de Perrin, 1787.)