Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/158

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ayez soin de vous et de moi ; car en vérité, il faut de si loin ménager nos inquiétudes[1] et se conserver.

I2O4. -- DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Auray, mardi 9è août.

Nous croyons aisément, ma fille, que les chaleurs que souffre M. de Grignan sont extrêmes, puisque nous en avons ici, quasi sur les bords de la mer, de très-violentes[2]. Vraiment, ce n’est pas ici de ces canicules de Livry, que nous trouvions si ridicules : celle-ci est sans aucune pluie ; nous suons tous les jours, et nous croyons que cela est admirable pour la santé. Nous allons demain au Port-Louis. Je donnerai votre lettre à M. de Chaulnes ; mais ce ne sera que demain, car il est aujourd’hui entièrement accablé. La plaisanterie de ce génie qui le pousse pour prendre soin de ma santé, nous fait encore rire : il a si bien retenu vos soins et votre attention pour la conservation de ma personne, que cela fait un discours continuel avec vous, et le souvenir nous en fait plaisir. Il dit qu’il est combattu[3], quand je mange sagement, entre le plaisir d’être assuré de ma santé, et le déplaisir que vous n’ayez rien à lui dire ; un ragoùt, une salade de concombre, des cerneaux, et autres sortes de viandes[4], lui font un

  1. 12. « Ses inquiétudes.(Édition de 1754.)
  2. LETTRE 1204 (revue en partie sur une ancienne copie).- 1. « Puisque nous en avons ici de très-violentes, quoique voisins des bords de là mer. »
  3. 2. « Que le souvenir nous en fait plaisir, et fait un commerce continuel avec vous. Il est, dît-il, combattu, etc. » (Ibidem.)
  4. 3. Au lieu de ces mots « et autres sortes de viandes, » l’édition de 1737 donne simplement etc. Viande signifiait autrefois, d’une