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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/166

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rive de Paris, et qui est plus magnifique qu’à Versailles, nous y donnèrent à dîner ; nous fîmes bien conter au mari son voyage, qui est fort divertissant15[1]. Nous vîmes bien des marchandises, des porcelaines et des étoffes : cela plaît assez. Si vous n’étiez point la reine de la Méditerranée, je vous aurois cherché une jolie étoffe pour une robe de chambre ; mais j’eusse cru vous faire tort. Nous revînmes le soir avec le flux de la mer, coucher à Hennebon[2] par un temps délicieux : votre carte vous fera voir ces situations. Ce[3] fut hier en sortant de cette ville que vint le courrier, dont vous entendrez parler[4] Au reste, ma très-aimable, je comprends les douceurs que vous procure ce Comtat, et avec quel plaisir vous envoyez de l’argent à Paris : cette justice devroit conserver la santé du pape ; je tremble à tous les courriers[5] si Dieu vouloit que : cette bonté de sa Providence durât quelques années, ce seroit la grâce entière. Adieu, mon enfant : je suis pressée, on me fait du bruit, je vous écrirai de Rennes, et ferai réponse à deux de vos lettres[6].

  1. 15. « Un M. le Bret, qui arrive de Siam et qui a soin de ce commerce, nous y donna à diner ; nous lui fîmes bien conter son voyage, qui est fort divertissant, » (Édition de 1737.)
  2. 16. Chef-lieu de canton du Morbihan, sur le Blavet, à un peu moins de deux lieues de Lorient.
  3. 17. Cette phrase n’est pas dans l’édition de 1737.
  4. 18. Voyez ci-après, p. 187 et la note 2.
  5. 19.« A tous les-moments. » (Édition de 1737.) -Le pape Innocent XI mourut, comme nous l’avons dit, le 12 août, le jour même où Mme de Sévigné écrivait cette lettre à sa fille.
  6. 20. « On me fait du bruit; mais je vous embrasse bien tendrement. » {Édition de 1737.)