Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/167

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1207. DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

A Rennes, ce mercredi 17è août.

EN vérité, ma chère fille, j'ai bien des choses à vous dire et à vous répondre. Je reprends à ce courrier qui vint trouver M. de Chaulnes â Hennebon : il portoit une lettre du Roi, que j’ai vue, toute remplie de ce qui fait obéir, et courir, et faire l’impossible. Nous reconnûmes le style et l’esprit décisif de M. de Louvois, qui ne demande point « Pouvez-vous faire un voyage à Rome ? » Il ne veut ni retardement, ni excuses, il prévient tout. Le Roi mande « Qu’il a résolu de l’envoyer à Rome, parce qu’il n’a jugé que lui seul capable de faire la plus grande chose qui soit dans l’Europe, en donnant à l’Église un chef qui puisse également gouverner l’Église, et contenter tout le monde, et la France en particulier ; qu’il a appris que le pape ne peut pas vivre longtemps ; que la satisfaction que Sa Majesté a eue des deux autres exaltations qu'il a faites, lui fait croire qu’il n’en aura pas moins de celle-ci, qui est la plus importante ; qu’ainsi qu'il parte[1] incessamment pour venir recevoir ses ordres ; que les cardinaux francois se tiendront prêts ; qu’il laisse le commandement de la Bretagne au maréchal d’Estrées en son absence ; que son voyage ne sera point long<ref>2. Que le commandement de la Bretagne demeurera au maré-</ref name=p161>; qu’il

  1. LETTRE 1207. 1. M. le duc de Chaulnes alloit pour la troisième fois ambassadeur extraordinaire à Rome. (Note de Perrin, 1754.) Il y était pendant les conclaves dans lesquels furent exaltés les deux papes Clément IX (1667) et Clément X (1670). Voyez la Notice, p. 283.-- Dans l’édition de 1754 : «  » que la satisfaction qu’il a eue des deux autres exaltations que dee Chaulnes a faites, lui répond du succès de celle-ci, qui est la plus importante ; qu’ainsi M. de Chaulnes parte, etc  »