Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/174

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sorte que ce voyage sera fatigant dé toutes les façons. Quand elle sera à Paris, les objets, ses affaires, ses amies, pourront la consoler; mais elle étoit bien accablée ici. Je vous dirai en passant que Revel, qui est un connoisseur, est tout à fait content de ce désert, et de la diversité de toutes ces allées ; il est parti ce matin. M. de Chaulnes a dit à mon fils que la députation seroit peut-être plus assurée par l’audience que le Roi lui donneroit sur la Bretagne, que s’il y étoit demeuré pour tenir les états. Ainsi nous attendons de ses nouvelles -si elles sont bonnes, comme il le souhaite autant que nous, ce sera mon fils qui me ramènera ce printemps à Paris ; je vous jette les pensées qu’on nous a données ; et Dieu sur tout. Quand on revient au maréchal d’Estrées, qu’on a laissé à Brest, et qu’on a fait sortir de son bord, où il étoit établi, pour lui faire voir partir la flotte sous la conduite de M. de Seignelai[1], j’avoue que la plus fine politique ne pourra jamais donner d’autre nom à l’état violent de ce maréchal que le plus grand dégoût qu’un homme de cette dignité puisse avoir. Mais le Roi, qui savoit bien ce qu’il vouloit faire de M. de Chaulnes, pouvoit penser qu’il donneroit au maréchal la consolation de commander à la place du gouverneur. Cependant, comme il étoit impossible qu’en même temps M. de Chaulnes commandât à Brest et dans le reste de la Bretagne, M. le maréchal d’Estrées étoit fort naturellement à ses vaisseaux et au commandement des deux évêchés<ref>7. Les évêchês de Saint-Pol de Léon et de Quimper-Corentin. (Note de l'édition de 1818.)</ref, où il avoit mis les deux régiments qu’il commandoit : cela n’avoit point l’air de prendre

  1. 6. « Les vents d’ouest et de sud-ouest qui avoient amené le chevalier de Tourville ayant duré jusqu’au 15 du mois passé, l’armée ne put se mettre en mer que le 16.(Gazette du 3 septembre.)