Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/175

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sur le gouverneur. Il falloit en user, comme on faisoit, pour le service ; car on n’a jamais eu dessein de fâcher M. de Chaulnes depuis qu’il est en Bretagne ; et si M. le maréchal d’Estrées s’étoit embarqué, on auroit laissé un officier général à Brest pour la garde des vaisseaux qui sont toujours à la rade et de ceux qui peuvent y revenir, ainsi qu’on doit l’y laisser pendant que le maréchal commandera en Bretagne et tiendra les états, et M. de Revel sous lui. Je vous ai déjà dit que M. de Lavardin ne connoîtroit point d’autre place présentement que celle de commander à la place de M. de Chaulnes. Il a paru ici que l’humeur difficile du maréchal, dont on a instruit le Roi, et qui fait que tous ceux qui lui sont subordonnés sont brouillés avec lui, avoit été la véritable cause de l’ordre qu’il reçut de la propre main du Roi de se tenir à Brest. M. de Pommereuil, sans le vouloir, y a peut-être contribué en rendant un compte exact de ce qu’il voyoit. Il est au désespoir du départ de nos gouverneurs : il les aimoit, et s’accommodoit fort bien avec eux. Ce n’est pas de même avec le maréchal : ils ne connoissent point, tous tant qu’ils sont, la manœuvre des états ; c’est ce qui fait espérer que M. de Chaulnes les fera à Versailles avec le Roi et ses ministres, et les enverra tout réglés. Voilà nos raisonnements de province. M. de Pommereuil, qui est intendant de justice maintenant à cause des troupes, aura une commission particulière pour les états ; son gendre[1] est second commissaire : il y en a toujours deux de cette manière pendant les états. Je pense, ma chère enfant, qu’en voilà sur ce sujet plus qu’il ne vous en faut et que vous n’en desiriez : cette

  1. 8. Pommereuil avait deux gendres Charles-Bonaventure Rossignol (voyez tome VIII, p. 291, note 10), et Gervais le Fèvre d’Eaubonne, conseiller au parlement.