Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/178

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On dit que M. de Lavardin vient tenir nos états; j’en suis ravie pour l’amour de sa mère, qui étoit plus touchée qu’il ne paroissoit de ne lui voir aucune contenance : en voilà une, Dieu merci, toute naturelle, et dont la Bretagne sera fort aise. Si cela est vrai, M. le maréchal d’Estrées commandera, à la réserve seulement des états, et je ne vois plus de place pour M. de Revel. J’avoue, ma fille, que nous avons été bien exposées au mérite de ce dernier ; mais nous avons soutenu sa figure : tout ce que nous avons fait en sa faveur, c’est de comprendre qu’il a été fort aimé de plusieurs sortes de femmes, et nous nous sommes contentées d’en être les confidentes[1] :son éloquence ne nous a point séduites, elle nous a diverties ; nous admirions quelquefois comme en ànonnant il ne laissoit pas de sortir heureusement de toutes ses périodes[2]7 : les fureurs de la R*** pareilles à celles de

    Camus n’était pas plus en faveur auprès du Roi, qui se souvenait qu’ayant demandé en 1686 le chapeau de cardinal pour Harlay de Champvallon, le pape Innocent XI, sans aucun égard pour sa demande, avait décoré le Camus de la pourpre romaine. Celui-ci, au lieu de venir selon l’usage recevoir la barrette des mains du Roi, l’avait prise du courrier qui passait par Grenoble pour aller à Paris en porter une au nonce Rannuzzi. (Voyez les Mémoires de Choisy, tome LX1II, p. 352.) -Voici ce que Dangeau dit (au 21 août 1689) sur le choix des cardinaux (qui devaient aller au conclave) : « Le Roi envoie à Rome MM. les cardinaux de Furstemberg et de Bonzi, qui sont ici, et a envoyé ordre à M. le cardinal de Bouillon, qui est à Avignon, de s’y en aller. M. le cardinal le Camus n’ira point ; le Roi a fait dire à Messieurs ses frères qu’il s’étoit si mal trouvé de ce pontificat, qu’il n’en vouloit point employer les cardinaux. » (Note de l'èdition de 1818.)

  1. 6. Cette partie de la phrase, depuis : «  tout ce que nous avons fait, jusqu’à « les confidentes » , manque dans l’édition de 1737.
  2. . L’édition de 1737, après le mot périodes, continue ainsi: « Nous l’avons entendu parler de la guerre, du passage du Rhin, de la bataille de Senef, des campagnes, etc. »