Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/209

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bien meublé votre chapitre est si noble, vos terrasses sont si fières et si supérieures à l’univers, qu’il comprendra aisément[1] que la bise n’est pas toujours en humeur de souffrir ces hauteurs qui semblent la braver et la défier. Vous m’apprendrez comme cette visite se sera passée ; je suis assurée que vous aurez eu Coulanges et le défroqué[2]. Je voudrais que ce dernier eut le pouvoir de raccommoder les entrailles. Comment, ma fille ? M de Grignan[3], à qui nous avons toujours cru de si bonne entrailles, est attaqué précisément par cet endroit ! Nous ne choisissons pas, il faut se soumettre. Dieu ne m'a pas encore marqué le chemin de ma décadence ; je l'attends avec la grâce de le supporter patiemment ; car l'un ne va pas sans l'autre. Je suis assurée que vous aurez fort bien reçu ce duc, malgré le mal qu’il vous va faire. Je ne crois pas qu’il se soit amusé à répondre à mon génie, comme il s’entretenoit avec le vôtre en basse Bretagne ; il aura eu trop de joie et trop d’affaires à vous entretenir en corps et en âme : voilà, selon moi, le plus bel endroit de son ambassade. Vous aurez parlé de votre maman ; il vous aura dit ce qu’il a fait[4] pour notre députation ; ce qui vous étonnera, c’est que

  1. 4. « Que ce duc comprendra aisément. » (Édition de 1754.) Les phrases qui suivent celle-ci, jusqu’à : Je suis assurée, etc., » sont placées, dans l’édition de 1737, plus loin, p. 205, avant « Au reste, je crois…. » et commencent ainsi : « Vous m’apprendrez donc comme cette visite, etc. »
  2. 5. C’étoit le médecin que M. de Chaulnes amenoit avec lui, et l’un des deux capucins du Louvre dont Mme de Sévigné a souvent parlé dans ses lettres. Voyez la lettre du 11 avril 1685, tome VII, p. 376. (Note de Perrin, 1754.) Mais il semble bien plutôt qu’il s’agisse de Villebrune, qui, après avoir été capucin, se fit médecin. Voyez tome IV,p.281, note 22
  3. 6. « Ce M. de Grignan. » (Édition de 1754.)
  4. 7. « de votre pauvre maman; il vous aura expliqué ce qu’il a fait, etc. »(Ibidem)