Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/218

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courent et nous échappent; et Dieu sait ce qui nous échappe en même temps : ah ! ne parlons point de cela ; j’y pense pourtant, et il le faut. Nous soupons à huit heures ; Sévigné lit après souper, mais des livres gais, de peur de dormir ; ils s’en vont à dix heures ; je ne me couche guère que vers minuit : voilà à peu près la règle de notre couvent ; il y a sur la porte sainte LIBERTÉ, ou FAis CE QuE VOUDRAS[1]. J’aime cent fois mieux cette vie que celle de Rennes : ce sera assez tôt d’y aller passer le carême pour la nourriture de l’âme et du corps.

Du Plessis m’a écrit que sa chimère n’avoit montré que le bout du nez, qu’elle n’est pas encore sortie[2] mais qu’il est marié à une personne toute parfaite, toute à son goût, de l’esprit[3], de la beauté, de la naissance, et qui le met en état de n’avoir plus besoin de rien[4] : c’est de quoi vous me faites douter ; il me paroit pourtant écouter encore Mme de Vins. Enfin, voici ses mots « J’aime beaucoup plus cette femme-ci que la défunte ; » cela convient à la douleur qu’il eut de la perdre : vous en souvient-il?

  1. 33. Règle de l’abbaye de Thélème dans Rabelais. Voyez tome VIII, p. 200, note 13.
  2. 34. Voyez la lettre du 26 juin précédent, p. 98.
  3. 35. « Toute parfaite et conforme à son goût, qui a de l’esprit, etc. » (Édition, de 1754.)
  4. 36. Mais voyez la lettre du 30 novembre suivant et les lettres des 7 et 14 décembre. Les deux membres de phrase  : «  c’est de quoi, etc.,  » et « il me paroit, etc., » manquent dans l’édition de 1737, qui rattache ainsi la suite à cette phrase : « et qui le met en état de n’avoir plus besoin de rien, (enfin voici ses mots) et que j’aime beaucoup plus que la défunte. »