Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/225

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me trouve comme cet homme de Dijon, dont M. d’Ormesson a souvent conté l’histoire, qui étant sur la roue, disoit[1] à son confesseur : « Monsieur, il y a longtemps que je n’ai eu tant de repos d’esprit. » Il est vrai que je suis bien plus tranquille que je n’ai été depuis un mois[2], pendant que je croyois recevoir tous les ordinaires des lettres de M. de Chaulnes : ma mère vous mandera ce que j’ai pensé là-dessus. Je suis sûr que c’est l’amour qui nous a joué ce mauvais tour ; et c’est ce qui peut seul excuser cette conduite ; car qui ne sait que tout doit céder au pouvoir de l’amour ? c’est dommage seulement qu’on puisse l’attribuer à cette petite éraillée et ricaneuse du B. D. L. R[3]. Je sais déjà où trouver à l’avenir une plus grande consolation qu’aux Rochers[4] : c’est assurément auprès de vous et de M. de Grignan, dans votre beau château. Si Dieu conserve la santé à tous vos Grignans, et que rien ne change aussi de ce côté[5], ni chez moi, ni dans la famille de Mme de Mauron, je ne prévois rien qui me puisse empêcher de vous aller voir à Grignan, sous prétexte d’aller aux eaux, et d’éviter par là[6] un arrière-ban, dont je n’ai pu me dispenser cette année, par la manière dont il me fut offert, et que M. de Chaulnes lui-même me dit d’accepter à cause des vues qu’il

  1. 22. « nous a souvent conté l’histoire ; il étoit sur la roue et disoit, etc. » (Édition de 1754)
  2. 23. Tout ce qui suit ces mots : « depuis un mois, » jusqu’à : « Je sais déjà, » manque dans l’édition de 1737.
  3. 24. Peut-être cette Mme du Bois de la Roche, qui riait à tous propos. Voyez la lettre du 4 mars 1695. (Note de l’édition de 1818.)
  4. 25. « Une plus grande consolation que celle que je trouverai aux Rochers. » (Édition de 1737.)
  5. 26. « Et que rien ne change encore de ce côté-ci. » (Ibidem.)
  6. 27. « Sous prétexte d’aller aux eaux, mais en effet pour éviter par là, etc. » (Édition de 1754.)