Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/258

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j’y réponds aussi avec reconnoissance, mais en badinant, l’assurant que je ne m’ennuierai que médiocrement avec mon fils, sa femme, des livres, et l’espérance de retourner[1] cet été à Paris, sans être logée hors de chez moi, sans avoir besoin d’équipage, parce que j’en aurai un, et sans devoir mille écus à un généreux ami, dont la belle âme et le beau procédé me presseroient plus que tous les sergents du monde ; qu’au reste je lui donne ma parole de n’être point malade, de ne point vieillir, de ne point radoter, et qu’elle m’aimera toujours, malgré sa menace : voilà comme j’ai répondu à ces trois bonnes amies. Je vous montrerai quelque jour cette lettre, elle vous fera plaisir. Mon Dieu2[2] ! la belle proposition de n’être plus chez moi, d’être dépendante, de n’avoir point d’équipage, et de devoir mille écus! En vérité, ma chère enfant, j’aime bien mieux sans comparaison être ici : l’horreur de l’hiver à la campagne n’est que de loin ; de près ce n’est plus de même. Mandez-moi si vous ne m’approuvez pas : si vous étiez à Paris, ah! c’est[3] une raison étranglante ; mais vous n’y êtes pas. J’ai pris mon temps et mes mesures là-dessus ; et si par miracle vous y voliez présentement comme un oiseau, je ne sais si ma raison ne prieroit point la vôtre, avec la permission de notre amitié, de me laisser achever cet hiver certains petits arrangements[4] qui feront le repos de ma vie. Je n’ai pu m’empêcher de vous conter cette bagatelle, espérant qu’elle n’arrivera point mal à propos, et que

    phrase n’est pas dans l’édition de 1737, où on lit seulement : « Ainsi, ma fille, je réponds avec reconnoissance, etc. »

  1. 19. « De me mettre en état de retourner. » (Édition de 1754.)
  2. 0. « Je vous montrerai quelque jour cette lettre de Mme de la Fayette. Mon Dieu etc. » (Ibidem)
  3. 21. « Ce seroit. » (Ibidem.)
  4. 22, « Certains petits payements. » (Ibidem.)

.)