Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/259

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Monsieur le chevalier se portera. aussi bien que je’ le souhaite.

Vous[1]23 m’étonnez de me dire que M. de Chaulnes vous a paru tel que vous me le dépeignez. Je vous assure que pendant notre voyage il étoit d’aussi bonne compagnie qu’il est possible : je ne sais si c’étoit votre génie qui lui donnoit de la vivacité[2] mais vous l’eussiez trouvé assurément comme je vous le dis ; je ne le connois plus au portrait que vous m’en faites. Mon fils s’imaginoit que cette ricaneuse25. Mme du Bois de la Roche. Voyez ci-dessus, p. 219, la note 34 de la lettre du 21 septembre précédent. l’avoit prié de ne point parler pour lui ; mais il voit bien qu’il s’étoit trompé.

J’ai été surprise de votre songe : vous le croyez un mensonge, parce que vous avez vu qu’il n’y a pas un seul arbre devant cette porte ; cela vous fait rire ; il n’y a rien de si vrai : mon fils les fit tous, je dis tous, couper il y a deux ans26 « parce que vous avez vu qu'il n'y avait pas un seul arbre devant cette porte ; mais vous rirez d'apprendre  qu'il n'y a rien de si vrai : votre frère fit couper tous ces arbres, je dis tous, il y a deux ans. » (Édition de 1754); il se pique de belle vue, tout comme vous l’avez songé, et à tel point, qu’il veut faire un mur d’appui dans son parterre, et mettre le jeu de paume en boulingrin, ne laisser que le chemin, et faire encore là un fossé et un petit mur. Il est vrai que s’il le fait[3], ce sera une très-agréable chose, et qui fera une beauté surprenante dans ce parterre, qui est tout fait sur le dessin de M. le Nôtre, et tout plein d’orangers dans cette place Coulanges[4] Vous deviez avoir vu cet avenir dans votre

  1. 23. Cet alinéa manque dans l’édition de 1737.
  2. 24. Voyez les lettres des 2 et 17 août précédents, p. 144 et 165.
  3. 27. « Si cela s’exécute, » (Ibidem.)
  4. 28. Ces travaux furent exécutés, ils existent encore à peu près dans l’état où Mme de Sévigné les décrit ici. (Note de l’édition de 1818.)