ait guéri les entrailles, et que le beau temps ait guéri la goutte[1], que je ne suis étonnée que le quinquina ait guéri la fièvre ? Vous[2] pouvez donc vous applaudir du régime du riz, qui est si adoucissant, et qui peut avoir fait tous ces miracles. Je n’ai garde de m’ éloigner de Grignan, pendant que vous avez la joie de voir vos Grignans en si bonne santé ; j’y prends trop de part. Je ne veux pas même aller à Paris, de peur de me distraire : c’est une chose plaisante que la manière dont Mme de Lavardin m’en presse, et m’en facilite tous les moyens, et de quels tons Mme de Chaulnes se sert aussi ; il semble qu’elle soit gouvernante de Bretagne ; mais je lui ferai bien voir que c’est la maréchale d’Estrées[3], et que je ne suis plus sous ses lois. En vérité, elles sont aimables[4] je ne crois pas qu’on puisse employer des paroles plus fortes, ni plus pressantes[5], ni trouver de plus solides expédients ; et le tout, parce qu’elles craignent que je ne m’ennuie, que je ne sois malade, que mon esprit ne se rétrécisse, que je ne meure enfin; elles veulent me voir, me tenir, me gouverner ; M. du Bois s’en mêle aussi ; en vérité[6], cette conspiration est trop jolie ; je l’aime, et je leur en suis trop obligée[7], sans en être émue. Je vous veux garder leurs lettres, pour voir si[8]11 l’amitié et la vérité n’y brillent pas.
- ↑ 4. « Que la goutte ait guéri les entrailles de M. de Grignan, et que le beau temps ait chassé la goutte. » (Édition de 1754.)
- ↑ 5. Cette phrase ne se lit que dans l’impression de 1754.
- ↑ 6. M. le maréchal d’Estrées commandoit en Bretagne en l’absence de M. de Chaulnes. (Note de Perrin.) Dans l’édition de 1754 : que c’est à présent la maréchale d’Estrées. »
- ↑ 7. « En vérité, mes amies sont aimables, » (Édition de 1754.)
- ↑ 8. « Ni plus puissantes. » (Édition de 1737.)
- ↑ 9. Les mots en vérité ont été supprimés par Perrin dans sa réimpression de 1754.
- ↑ 10. « »Très-obligée. » (Édition de 17S4.)
- ↑ 11. « Vous verrez si, etc. »(Ibidem.)