Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/263

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On. me mande que c’est M. de Coetlogon qui aura la députation : je n’en ai pas douté, et je crois que M. de Chaulnes n’en doutoit pas non plus. II avoit bon esprit, et voyoit[1] le retour du parlement, le présent de la ville de Rennes, la part que M. de Coetlogon paroissoit avoir à tout cela, comme gouverneur de cette ville où l’on tient les états[2] tout parle pour lui ; il fait une dépense enragée :c’est un bonheur que le voyage de Rome brouille et confonde tout cela ;je doute que ce bon duc en corps et en âme eût pu l’emporter ; ainsi Dieu fait tout pour le mieux[3]. Mais quand j’ai accusé M. de Chaulnes de négligence, je n’étois pas moins pour lui dans les pièces justificatives quoi ? ma fille, vous toute cartésienne, toute raisonnable, toute juste dans vos pensées, je vous attraperois à juger qu’il a tort sur un sujet où il a raison, parce qu’il auroit manqué d’activité dans une autre occasion !et cet endroit vous empêcheroit de voir les autres ! Voilà une étrange justice! vous seriez bien fâchée que la quatrième des enquêtes eùt jugé ainsi votre procès: moi misérable, je me trouvai toute telle à cet égard que si nous avions eu la députation. Je sentis pourtant cet endroit en l’écrivant ; mais je crus qu’il trouveroit son passe-port auprès de vous, et que vous vous souviendriez d’une chose que je dis souvent : ce qui est bon, est bon; ce qui est vrai, est vrai, cela doit être toujours vu de la même façon : s’il y a des facettes sur d’autres sujets, il ne faut point les mêler non plus que de certaines eaux dans de certaines rivières. Je crus encore que vous vous

  1. 12. « Il voyoit. » (Édition de 1754.)
  2. 13. Voyez la lettre du 14 septembre, p. 204.
  3. 14. Toute la suite de l’alinéa, à partir d’ici, manque dans L’édition de 1737, qui commence ainsi l’alinéa suivant :« Au reste, vous m’avez étonné en me parlant du changement de l’esprit de Son Excellence en vérité, etc. »