ma fille, il a soixante et dix-neuf ans ; un esprit n’est-il point au-dessous de la barre[1] à cet âge ? Le pauvre bon abbé me dit qu’oui ; feu Monsieur d’Arles me dit que non[2]. Ainsi nous devons croire qu’étant choisi, il tiendra encore fort bien cette grande place. Pour moi, je croirois[3] comme Patrix, que ce n’est pas la peine de s’habiller en pape, non plus que de se rhabiller au retour d’une grande maladie qu’il eut à cet âge[4]. Mme de Chaulnes aura peur qu’on ne laisse là son mari[5], tout porté pour le prochain conclave.
Parlons de cette duchesse : voici un petit secret, vous allez l’aimer. Il faut avant toutes choses que vous croyiez[6] que s’ils avoient pu, ils auroient été ravis de donner la députation à mon fils : il n’est pas difficile de croire[7]qu’ils l’auroient mieux aimé que M. de Coetlogon. Il ne faut pas s’imaginer aussi qu’ils aient pu parler pour ce dernier, comme vous dites tous par exagération, ayant
- ↑ 20. Barre, « pièce de bois transversale qui soutient les fonds d’un tonneau par le milieu. Le vin diminue beaucoup de bonté quand il est au-dessous de la barre du tonneau. Figurément, être au-dessous de la barre, au-dessous du niveau. » (Dictionnaire de M. Littré.)
- ↑ 21. Mme de Sévigné cite l’exemple de l’abbé de Coulanges, son oncle, mort le 23 août 1687, âgé de quatre-vingts ans; et celui de Monsieur d’Arles, oncle de M. de Grignan, mort le 9 mars 1689, âgé de quatre-vingt-six ans, pour en conclure que l’esprit de ceux qui arrivent aux environs de quatre-vingts ans baisse plus sensiblement dans les uns que dans les autres. (Note de Perrin.)
- ↑ 22. « Je penserois. » (Édition de 1754.)
- ↑ 23. « Qu’eut Patrix à cet âge. » (Ibidem,) Voyez tome V, p. 355 et 356.
- ↑ 24. « Qu’on ne laisse à Rome son mari. » (Édition de 1754.)
- ↑ 25. « 11 faut qu’avant toutes choses vous croyiez, etc. » (Ibidem.)
- ↑ 26. « On peut croire aisément, »(Ibidem.)
et honorée dans le temps de la première ambassade de son mari (en 1667); et il étendit même ses honnêtetés jusqu’à lui en demander aussi de Mlle de Murinais, aujourd’hui marquise de Kerman-Maillé, parente de la duchesse, qu’il avoit vue avec elle, et pour laquelle il avoit conservé beaucoup d’estime. »(Mémoires de Coulanges,p. 95.)