Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/286

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prendre, comme il espère, son premier métier. Il passa ici lundi, il n’y fit que dîner[1] ; il alla coucher à Laval. Nous lui demandâmes quel genre de mort auroient choisi toutes ses maîtresses : il nous répondit fort bien qu’elles le choisiroient avec M. de la Trémouille et le comte d’Estrées, entre les mains desquels il les avoit laissées. Nous parlâmes de Monsieur le chevalier : il me parut bien dégelé sur l’estime parfaite qu’il a de lui ; il se vante de l’avoir vu en guerre et en marchandise[2]; je l’assurai aussi qu’il n’aimoit pas un ingrat. Il espère qu’il ira en Allemagne avec le maréchal de Lorges[3] ; je lui recommandai le marquis de Grignan : il me dit que c’étoit lui qui demandoit sa protection, tant il étoit hors d’exercice. Quelle cruauté, ma chère bonne, si vous ne pouviez pas voir ce pauvre enfant cet hiver[4]! !n’est-ce pas dix-huit ans qu’il a ce mois-ci [5]? Les Allemands sont fâcheux avec leur guerre d’hiver.

Nous passons ici nos jours fort tranquillement, vous n’en doutez pas ; mais fort vite, c’est ce qui surprend : de l’ouvrage, de la promenade, de la lecture[6]. A pro-

  1. 25. « II ne fît qu’y dîner. » [Édition de 1754.) La phrase suivante : « Nous lui demandâmes, etc. » , manque dans l’édition de 1737.
  2. 26. Sans doute, de l’avoir vu et estimé comme soldat, comme officier, et comme homme. On disait d’un vaisseau chargé de marchandises, mais mis en état de défense, qu’il était équipé moitié guerre, moitié marchandise, et cette expression moitié guerre, moitié marchandise, s’employait dans quelques phrases proverbiales.
  3. 27. Dangeau annonce au 27 septembre 1689 que le maréchal de Lorges avait pris congé du Roi, pour aller commander les troupes qu’avait Boufflers, auxquelles s’était jointe la maison du Roi et beaucoup de troupes qui étaient dans l’armée de Flandre.
  4. 28. « ……voir cet hiver ce pauvre enfant. » (Édition de 1754.)
  5. 29. Il les eut, d’après le commencement de la lettre du 17 novembre 1688, le 17 novembre suivant : voyez tome VIII, p. 265.
  6. 30. « Nous passons ici fort tranquillement nos jours, vous n’en doutez pas ; mais fort vite, c’est ce qui surprend : l’ouvrage, la pro-