Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/298

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Mais ce pape[1] hait autant le cardinal d’Estrées[2] qu’il aime l’ambassadeur, et on croit que cette Eminence reviendra en France si cela est, le retour de ce duc ne sera pas prompt[3]. Je suis affligée comme vous que ce dernier pape, qui vous laissoit Avignon[4] n’ait pas autant vécu que Monsieur d’Angers, que Monsieur d’Arles[5] ; mais cette longue vieillesse vous eut été trop bonne : Dieu ne l’a pas voulu. Je vous avois mandé que M. de Chaulnes étoit entré, comme ambassadeur, à Rome[6] , al dispetto[7] de l’ambassadeur d’Espagne, qui avoit travaillé auprès des cardinaux pour l’empêcher ; mais de cinquante-six voix, il n’en eut que cinq [8]

  1. 21. « Je crois comme vous, ma chère enfant, qu M. de Chaulnes demeurera là pour un autre conclave, ou plutôt pour terminer avec ce pape qui l’aime les grandes choses qu’ils ont à traiter ensemble, et celles qu’il a dessein de lui inspirer, ou dans lesquelles il veut tâcher de le confirmer pour la paix générale : c’est cela qui seroit un beau coup de filet. Si Mme de Chaulnes et Mme de Kerman étoient à Rome, elles seroient bien propres à le seconder. Mais ce pape, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 22. Le cardinal d’Estrées n’avait cessé de le desservir auprès de la cour de France, et avait traversé son élection de tout son pouvoir. Voyez ci-dessus, p. 270, la note 17 de la lettre du 23 octobre précédent.
  3. 23. « Le retour de M. de Chaulnes en sera reculé. » (Édition de 1754.)
  4. 24. « Qui nous laissoit Avignon. » (Ibidem.)
  5. 25. Ces deux prélats ont vécu, l’un quatre-vingt-quinze et l’autre quatre-vingt-six ans. (Note de Perrin.)
  6. 26. « Dans Rome. » (Édition de 1754.)
  7. 27. « En dépit. »
  8. 28. Coulanges dit qu’il fut décidé à la pluralité des voix, nonobstant l’opposition et les efforts de plusieurs zelanti de différentes factions, que le sacré collège recevrait le duc de Chaulnes en sa qualité d’ambassadeur. Suivant Dangeau, cinquante cardinaux auraient été de cet avis. C’était sans doute le bruit que la cour de France cherchait à répandre, et que Mme de Sévigné répétait ; mais au reste ce n’était pas une grande victoire, puisque le duc de Chaulnes avait