Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/326

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mille tendres compliments; l’abbé Charrier dix mille respectueux. Votre Monsieur d’Aix a une abbaye de six mille livres de rente, qui étoit à l’abbé de Soubise[1] ; il vous dira qu’elle en vaut douze ; rabattez la moitié Je vous quitte, ma très-aimable; votre frère veut vous écrire[2]. Parlez-moi de votre gazette de santé, qui est bien la source[3] de mon repos, comme vous dites que la fontaine de Jouvence chez moi seroit la source du vôtre : voilà une pensée digne de votre amitié.

DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.

ME revoilà, ma belle petite sœur, auprès de maman mignonne, ravi de la retrouver en très-parfaite santé, ravi de me voir en repos aux Rochers, et hors de la frénésie des états, et ravi encore de rentrer en commerce avec vous. Ma mère m’a gardé toutes vos lettres, qui ont encore pour moi les grâces de la nouveauté; en sorte que je ne sais que depuis un jour tout ce que vous avez pensé sur mon sujet. Je ne vous ferai ni compliments ni remerciements sur ce que vous avez écrit à ma mère et à moi, puisque vous savez à quel point je suis sensible aux marques de votre amitié. J’ai été tout consolé de n’avoir pas la députation, dès que j’ai vu que je n’avois pas été abandonné de M. de Chaumes, comme je le croyois. Vous savez que je me suis toujours plaint des contre-

  1. 21. « Le Roi a donné l’abbaye (de Saint-Taurin) qu’avoit M.l’abbé de Soubise à Monsieur l’archevêque d’Aix. Le Roi lui en avoit promis une bonne pour le dédommager de ce qu’il avoit perdu en quittant son évéché ; car Valence vaut dix ou douze mille francs plus qu’Aix. Cette abbaye qu’on lui donne est dans Évreux, et vaut douze ou quinze mille francs. » (Journal de Dangeau, 11 novembre 1689.)
  2. 22. Dans l’édition de 1737, qui ne donne pas la partie de la lettre écrite par Charles de Sévigné, il y a simplement : « Adieu, ma très-aimable.
  3. 23. « C’est cela qui est la source, etc. » (Edition de 1754.)