M. Courtin vous témoigne : c’est un ami de conséquence, et qui ne craint pas de parler pour vous ; mais le temps est peu propre à demander des grâces et des gratifications, quand on demande partout des augmentations considérables. Dites-moi quelles pensions sont retranchées ; seroit-ce sur M. de Grignan et sur un menin[1] ? J’en serois au désespoir. Vous allez voir M. du Plessis ; il m’écrit et me fait comprendre que son ménage n’est pas heureux, et qu’au lieu d’être à son aise et indépendant, comme il l’espéroit[2] , il n’a pensé qu’à sortir de chez lui : ainsi le voilà avec M. de Vins et en Provence pour deux mois. Il vous contera ses douleurs ; il me paroit que c’est sur l’intérêt qu’il a été attrapé ; j’en suis fâchée; mandez-moi ce qu’il vous dira. Vous devriez bien m’envoyer la harangue de M. de Grignan[3] puisqu’il en est content, j’en serai encore plus contente que lui. Mandez-lui comme je l’appelois à mon secours, et dans quelle occasion. Vous m’épargnez bien dans vos lettres, je le sens : vous passez légèrement sur des endroits difficiles ; je ne laisse pas de les partager avec vous. C’est une grande consolation pour vous d’avoir Monsieur le chevalier : c’est le seul à qui vous puissiez parler confidemment, et le seul qui soit plus touché que vous-même de ce qui vous regarde ; il sait bien comme je suis digne de parler avec lui sur ce sujet nous sommes si fort dans les mêmes intérêts, qu’il n’est pas possible que cela ne fasse une liaison toute naturelle. Je dis mille douceurs à ma chère Pauline; j’ai très-bonne opinion de sa petite vivacité et de ses révérences vous l’aimez, vous vous en
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