Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/343

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amusez, j’en suis ravie ; elle répond fort plaisamment à vos questions. Mon Dieu! ma fille, quand viendra le temps que je vous verrai, que je vous embrasserai de tout mon cœur, et que je verrai cette petite personne ? J’en meurs d’envie ; je vous rendrai compte du premier coup d’œil.

I240- DE MADAME DE SÈVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 4è décembre.

JE vous remercie de cette lettre, ma chère fille ; elle est toute pleine de confiance et d’amitié, et répond à ce que je voulois savoir. Votre frère ne voit de vos lettres que ce que je veux lui montrer, et quand il me les demande et que je lui dis « Mon fils, il n’y a rien qui puisse vous divertir, » il n’y pense plus ; vraiment célle-ci est bien du nombre[1]. Il y avoit ici l’autre jour des gens de bon sens, qui à propos de ce régiment, qu’ils avoient vu à votre fils dans une gazette à la main, se mirent à dire tout de suite : « Je pense que ce jeune colonel ne coûte guère à Madame votre fille ni à M. de Grignan, et que ses deux oncles[2]2, si grands seigneurs, fournissent bien à sa dépense[3]. » Je fis une grimace intérieure, et je les laissai

  1. LETTRE 1240. -- 1. «  » Je vous remercie de votre lettre du 24è novembre ; elle est toute pleine de confiance et d’amitié, et me répond sur ce que je voulois savoir. Je vous ai dit que mon fils ne voyoit de mes lettres que ce que j’étois bien aise de lui montrer ; vraiment, celle-ci est bien de ce nombre. » (Édition de 1754.)
  2. 2. L’archevêque d’Arles et l’évêque de Carcassonne.
  3. 3. « Qui à propos de ce régiment de votre fils, qu’ils avoient vu dans une gazette à la main, se mirent à dire tout de suite que ce jeune colonel ne coûteroit guère à père ni à mère, et que ses deux oncles, si grands seigneurs, fourniroient bien à sa dépense, » (Édition de 1754.)