Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à passer à la campagne, quand on y est une fois rangé[1]. Cependant votre bise m’a fait une peur extrême : nous n’avons point ici de ces sortes de tempêtes. Je voudrois que vous ne perdissiez rien de la bonne compagnie que vous avez présentement, et que si la santé de Monsieur le chevalier doit être mauvaise cet hiver, il le passât avec vous plutôt que dans sa petite chambre ; ce seroit une consolation [2]. Vous voilà donc résolue de passer l’hiver à Grignan, quittant la partie encore à Monsieur d’Aix, et faisant voir les raisons, qui vous empêchent de tenir votre cour à Aix trois ou quatre mois, comme avoit accoutumé de faire M. de Grignan. Mais n’espérez-vous point que votre fils vienne vous voir cet hiver? Qui peut l’en empêcher? Vous en seriez ravie ; je crains, comme vous, que vous n’ayez pas permission de vendre sa compagnie ; cette nouvelle traîne trop. Nous admirions[3] l’autre jour, mon fils et moi, comme vous avez pressé et précipité heureusement sa vie, pour le faire tomber à propos dans l’état où il falloit être[4] pour avoir le régiment de son oncle; tout cela étoit bien compassé, et M. de Grignan a tout couronné en lui faisant faire la première campagne de Philisbourg, qui vous a tant coûté de larmes. Sans cela[5], l’académie, les mousquetaires, la compagnie même de chevau-légers, n’eussent point tant fait pour lui que

  1. Lettre 1241- 1. -- Je vous l’ai mandé, ma chère enfant, quand on est une fois rangé à la campagne, les mois de novembre et de décembre n’y sont point difficiles à passer. » (Édition de 1754.)
  2. 2. « Dans sa petite chambre, à Paris ce seroit une consolation pour vous et pour lui. » (Ibidem.) La phrase suivante manque dans l’édition de 1737, qui reprend : « Ma chère enfant, n’espérezvous point, etc. »
  3. 3. «  Mais n’espérez- vous point de voir votre fils cet hiver ? Je n’imagine pas que rien puisse l’empêcher d’aller à Grignan. Nous admirions, etc. » (Édition de 1754)
  4. 4. « Où il falloit qu’il fût. » ('Ibidem.)
  5. 5. Les mots Sans cela ne sont pas dans l’édition de 1754.