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combien nous sommes loin l’une de l’autre. Faites-moi donc un peu de justice, et croyez que je n’aurois pas fait un si grand tort à la vertu et à l’état de M. de la Garde. Je prends cette occasion pour lui souhaiter les bonnes fêtes, et l’assurer bien sincèrement de mon ancienne amitié ; il y a longtemps que je ne lui avois rien dit de particulier. Je vous trouve heureuse d’être une consolation à sa retraite ; il vous en est une aussi. Je le croyois quasi toujours à la Garde ; je comprends qu’on aime cette compagnie mais quand vous me dites que vous vous accommodez mieux de la mauvaise que de rien, et que vous voulez que votre château soit plein, je ne vous connois plus.

Vous me faites une pitié extrême de la goutte de Monsieur le chevalier. Hélas[1]! Balaruc ne l’a donc point soulagé : voilà une grande tristesse. Je lui souhaite une partie de la résignation de M. de la Garde ; dites-lui combien je suis affligée de son état. Parlez-moi de votre santé : j’ai passé trop vite sur cette colique qui vous a fait garder le lit ; est-ce[2] cette colique qui ne fait point de peur, quoiqu’elle soit douloureuse ? Une petite réponse, je vous en prie[3] .

Coulanges m’a écrit les mêmes folies qu’à vous, et j’ai approuvé qu’en épousant Pauline, il fit rentrer dans votre maison cette belle terre d’Avignon, que vous avez si longtemps possédée : hélas ! qu’elle vous eût été[4] bonne encore sept ou huit ans ! On dit que le pape veut que le Roi fasse publier qu’il désavoue l’assemblée de 82, où il y avoit deux Grignans, où l’on parla

  1. 10. Ce mot hélas! n’est pas dans l’édition de 1754.
  2. 11. « Serôit-ce. » (Édition de 1754.)
  3. 12. Cette petite phrase ne se lit que dans l’impression de 1737.
  4. 13. « Ah ! qu’elle vous eût été, etc. » (Édition de 1754.)