Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/379

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bien dans ses cheveux noirs la plaisante folie ! Adieu, c’en seroit une[1] d’écrire plus longtemps ; il faut songer à sa conscience, lire M. le Tourneux, et se recueillir. Je vous embrasse, ma très-chère, avec toute la tendresse que vous savez.

1247- DE MADAME DE SÉVIGNE

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 28è décembre.

Nous avons eu ici, ma fille, les plus beaux jours du monde jusqu’à la veille de Noël : j’étois au bout de la grande allée, admirant la beauté du soleil, quand tout d’un coup je vis sortir du couchant un nuage noir et poétique, où le soleil s’alla plonger, en même temps un brouillard affreux, et moi de m’enfuir. le ne suis point sortie de ma chambre, ni de la chapelle[2] jusqu’à aujourd’hui, que la colombe a apporté le rameau : la terre a repris sa couleur, et le soleil ressortant de son trou, fera que je reprendrai aussi le cours de mes promenades ; car vous pouvez compter, ma très-chère, puisque vous aimez ma santé, que quand le temps est vilain, je suis au coin de mon feu, lisant ou causant[3] avec mon fils et sa femme. N’avez-vous point remarqué[4] que les jours n’ont point été si courts qu’à l’ordinaire ? il y a trois ou quatre ans que je l’entends dire à Paris. L’abbé Têtu en avoit parlé

    bois. Nota. On appelle petit bois un paquet de cheveux hérissés qui garnissent le pied de la futaie bouclée. »

  1. 25. « La plaisante Folie ! mais je m’aperçois que c’en seroit une, etc. » (Édition de 1754.)
  2. LETTRE 1247 (revue en partie sur une ancienne copie). -- 1. « Ou de la chapelle. »(Édition de 1754.)
  3. 2. « Lisant et causant. » (Ibidem.)
  4. 3. « N’avez-vous point remarqué, comme nous. » (Ibidem.)