Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/394

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s’il étoit au-dessus de la crainte des jugements de Dieu. Je me suis souvenue à ce propos de la manière d’enterrer les Feuillantines[1] toutes ces saintes filles se prosternèrent trois fois, avant que de jeter ma pauvre cousine[2]dans la fosse et par des cris et des prières touchantes, elles demandoient à Dieu, en se jetant le visage contre terre trois fois de suite « Seigneur, ayez pitié de cette misérable pécheresse. » Hélas! quelle pécheresse[3]! Mlle de Grignan y étoit ; nous pensâmes tous fondre en larmes. Quelle fantaisie à moi de dire[4] tant de choses inutiles, et sur quel ton lugubre! je vous en fais mille excuses.

Mon enfant[5], je reviens à vous. Je[6] croyois que ce mot de molinistes souligné vous feroit entendre le contraire[7]  ; j’étois un peu trop fine. Ces deux hommes qui me vinrent voir, étoient de très-bonne compagnie[8]39; nous ne disputâmes point du tout, nous étions d’accord, et nous

  1. 32. « Je me suis souvenue de la manière d’enterrer des Feuillantines.  » (Éditions de 1737 et de 1754.) Notre manuscrit, par une faute singulière, donne soutenue, au lieu de souvenue.
  2. . Melle de la Trousse, sœur du marquis de la Trousse, et cousine germaine de Mme de Sévigné, morte en décembre 1685. Voyez la fin de la lettre du 15 décembre 1685, tome VII, p. 481. -- Les deux éditions de Perrin donnent « dans sa fosse. »
  3. 34. «  »Et par des cris et des prières touchantes demandoient. (la suite comme au manuscrit). » (Édition de 1737.) « Et par des cris et des prières touchantes, elles demandoient à Dieu qu’il eût pitié de cette misérable pécheresse. Hélas! quelle pécheresse! » (Édition de 1754.)
  4. 35. « Mais quelle fantaisie de dire, etc. » (Éditions de 1737 et de I754.)
  5. 36. Tout le commencement de cet alinéa, jusqu’à : « Pauline n’en est pas là, » manque dans notre manuscrit. L’édition de 1737 le donne en partie, mais elle intercale d’abord l’alinéa qui termine la lettre et qui s’adresse au comte de Grignan.
  6. 37 Cette phrase manque tout entière dans l’impression de 1737.
  7. 38. Voyez la lettre du 14 décembre 1689, plus haut, p. 352.
  8. 39 « Cet homme qui me vint voir est de très-bonne compagnie. » (Édition de 1737.)