Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/396

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Beaulieu a été chez M. de la Trousse de ma part : il me mande qu’il prit son temps que ses gens[1] lui dirent qu’il n’avoit qu’à entrer, mais qu’à la porte il entendit qu’il disoit : « Qu’il n’entre pas, qu’on lui dise que je remercie Mme de Sévigné de son compliment, » et fut renvoyé. Ma fille, tout ce que dit Beaulieu là-dessus, lui qui est bien reçu partout, à qui l’on demande en détail de mes nouvelles ; comme il est offensé, comme il est en colère, comme il dit que c’est le Saint-Esprit qui le rend glorieux, mais qu’il ne falloit donc pas envoyer tous ses mulets et tout son train dans notre écurie pour y mettre le feu, comme chez M. de la Rochefoucauld : tout ce qu’il écrit là-dessus est la plus plaisante et la plus naturelle chose du monde, et l’a tellement grippé, que je ne sais point du tout comme M. de la Trousse se porte[2].

Je vous jette toujours mes petits billets de l’abbé Bigorre quoique la marquise d’Uxelles [3] et beaucoup d’autres vous instruisent, cela ne sauroit déplaire. Vous m’avez insensiblement engagée à conter à mon fils la consultation que vous fîtes avec Aliot sur le soufre nerval ; il en est profondément touché, et vous en va dire son sentiment ; pour moi, je ne puis jamais[4] oublier cette scène.

DE CHARLES DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

Assurément, ma petite sœur, il auroit pu vous arriver accident, si vous aviez eu à parler souvent de Keisers-

  1. 48. « Que ces gens. (Édition de 1737.)
  2. 49. « Comme se porte M. de la Trousse. » (Édition de 1754.)
  3. 50. La marquise d’Uxelles écrivait fort souvent au comte de la Garde en Provence : nous avons eu plus d’une fois l’occasion de mentionner et de citer ses lettres.
  4. 51. « Je ne pourrai jamais. » (Édition de 1737.)