Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/431

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voudra le mettre de tout ? vous imaginez-vous qu’il se démêle bien et de sa cour, et de tous les devoirs qu’il sera obligé de rendre ? Je lui fais tort peut-être; mais il est bien jeune et bien peu accoutumé à cette sorte de manège : enfin je le trouve accablé de bien des choses plus fortes que lui. Je donne la plume à mon fils, et puis je reprendrai.

DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.

Voici l’oncle maternel, ma très-chère petite sœur, qui vous écrit lui-même, et qui vous assure avec toute sorte de sincérité,.que s’il avoit le bien qu’il devroit avoir, c’est-à-dire si les terres étoiënt du bien, et n’étoient pas purement des chansons, des illusions, etc. vous verriez par des marques essentielles combien je m’intéresse à ce qui vous touche ; mais, ma très-belle, je ne suis entouré que de gens que je puis faire mettre en prison, qui m’en prient tous les jours, qui sont logés dans les lieux qui m’appartiennent, qui prient Dieu pour moi, à ce qu’ils disent, et qui m’assurent en même temps que pour de l’argent je n’y dois pas songer :voilà mon état. Cependant si par quelque aventure fort possible, il m’arrivoit un remboursement d’une certaine somme dont on me parle, soyez persuadée que j’en ferois un usage qui seroit capable de réveiller les oncles paternels, qui au milieu de quarante et cinquante mille livres de rente, vous voient gémir sans faire autre chose que prier Dieu pour vous, comme mes fermiers prient Dieu pour moi. Eh mon Dieu ! que ne négligent-ils un peu des bâtiments qu’ils quitteront plus tôt qu’ils ne pensent, et que ne songent-ils à aider le seul soutien de leur maison dans l’avenir? Si je parlois davantage sur ce sujet, je serois en colère ; je le quitte donc pour vous dire que votre enfant me paroît bien jeune, bien neuf, bien peu fait