Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/445

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entretenir. C’est aujourd’hui que le parlement de Rennes est rentré dans son beau palais, et que toute la ville est dans les cris et les feux de joie. Je fais réponse à ma chère petite .d’Adhémar[1] avec une vraie amitié : la pauvre enfant! qu’elle est heureuse, si elle est contente ! cela est sans doute ; mais vous m’entendez bien.

1261I. DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE ET A LA COMTESSE DE GRIGNAN, ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche gras 5è février.

DE MADAME DE SÉVIGNE A MADAME DE GRIGNAN.

J’ADMIRE toujours qu’au travers de tout ce que je sais de la tristesse de vos pensées, vous puissiez écrire aussi librement, aussi plaisamment, aussi follement que vous faites. Votre frère est pâmé de tout ce que vous dites de Corbinelli, et je trouve, comme lui, trop plaisant[2] la comparaison que vous faites des mystiques avec les faux-monnoyeurs : les uns, à force de s’alambiquer l’esprit, font des hérésies et les autres font de la fausse monnoie à force de souffler : s’ils méritent tous deux la potence, je dis qu’avec votre sainte Thérèse, vous serez au pied de celle où mon ami sera pendu. Mais voici une querelle : c’est que je m’inscris en faux contre la lettre où vous assurez que j’ai dit que les Imaginaires étoient jolies; je

  1. 8. Marie-Blanche, fille aînée de Mme de Grignan. Elle étoit religieuse aux dames de Sainte-Marie à Aix. (Note de Perrin.)
  2. LETTRE 126i. -- 1. Tel est le texte de l’édition de 1754, notre seule source pour cette lettre. Les éditeurs modernes ont mis le féminin plaisante. Quatre lignes plus loin ils ont substitué également à tous deux.