Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/444

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jours quelque peine de me le représenter tout seul dans ces pays-là ; je crois qu’après un peu de séjour, il ne songera qu’au plaisir de vous aller voir. Continuez, ma belle, à me parler de vous, sans craindre que cela m’ennuie ; mon amitié s’accommode mieux de partager vos peines, que de les ignorer. Vous vous promenez dans vos bâtiments, et vous vous exposez à la bise et au soleil aussi imprudemment que si vous n’aviez pas la sagesse[1] à votre côté. J’ai fait voir à mon fils la feuille qui parle de lui ; il vous en remercie, il vous répond mille amitiés et mille folies sur un endroit où il est question de sa femme ; mais je ne suis pas payée pour m’amuser à vous en entretenir. Rien n’est si plaisant que ce que vous dites sur la mort du marquis d’Alluye[2] et les conséquences que vous en tirez pour aller à l’assaut ; si j’en avois autant écrit, vous en feriez grand bruit, et ce seroit une des belles retenues de la Visitation[3]. J’aime fort la lettre de Pauline ; je n’ai pas le temps d’y répondre aujourd’hui. Vous riez de m’entendre dire que je suis pressée ; il est vrai que le loisir ne me manque pas ordinairement ; mais nous avons ici deux hommes qui ont bien de l’esprit[4] l’un a été dix ans avec Monsieur d’Aleth[5], et l’autre est avocat : nous voulons consulter celui-ci sur une affaire : ces deux hommes seroient bons à Paris ; je m’en vais les

  1. 3. C’est-à-dire, M. de la Garde. (Note de Perrin.) Voyez la lettre du 20 juillet 1689, p. 124 et note 4.
  2. 4. Arrivée à Paris, dans la nuit du 5 au; 6 janvier. Voyez à cette date le Journal de Dangeau et sur le marquis d’Alluye notre tome VI, p. 220, note 34. -- II y avoit longtemps, dit Dangeau, qu’il n’avoit pas la permission de paraître à la cour. Il laisse le gouvernement d’Orléans vacant ; outre cela il étoit gouverneur des château et ville d’Amboise, qui sont en Touraine. »
  3. 5. Voyez la lettre du 25 janvier précédent, p. 429 et 431.
  4. 6. Voyez la lettre du 14 décembre 1689, p. 352.
  5. 7. Nicolas Pavillon, évèque d’Aleth, mort en 1677. Voyez tome I, p. 438, note 10.