Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/451

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Mon cher Comte, vous me gâtez, vous me perdez, vous me louez, vous me ferez devenir une sotte femme, pleine de vanité, c’est tout dire. Nous vous aimons trop ici ; mon fils se passeroit bien que sa femme fût si entêtée de vos perfections . nous lui contons innocemment vos airs, vos tons et vos manières, qu’elle n’entend que trop bien[1]. Pour moi, je serois bien obligée à quelqu’un qui m’ôteroit la moitié de la sensibilité que j’ai pour vos intérêts.

1262. − DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Cinq semaines après cette lettre écrite (n° 1250, p. 395) , j’en reçus cette réponse[2].

Aux Rochers, ce 5è février 1690,

Cette date vous représente d’abord un désert, une solitude. Mon fils y passe une partie de sa vie avec son épouse. Ils ont tous deux bien de l’esprit. C’est en ce lieu que votre lettre m’a trouvée. Mais, mon cousin, avant que de vous rendre compte de ce que je fais, il faut que je commence par l’Église, et que je rende mille grâces à notre prélat[3] de l’honneur de son souvenir : j’en ai été véritablement touchée. J’avois pensé plusieurs fois à lui ; je l’avois même écrit à M. l’abbé de Roquette, qui est venu à nos états[4] ; mais j’en étois demeurée là, et me

  1. 18. Voyez les lettres du 1er avril, du 11 mai et du 29 juin 1689, ci-dessus, p. 5, 47, 103 et 1O4.
  2. Lettre 1262. 1. Les mots cette réponse ont été biffés dans le manuscrit et remplacés, d’une autre main, par « celle-ci de Mme de Sévigné. »
  3. 2. L’évêque d’Autun.
  4. 3. Il avait une abbaye en Bretagne (voyez plus haut, p. 269, note 12). « Le corps de l’Église, qui est le premier dans les états (de Bretagne), est composé de neuf évêques qui sont dans la province,