Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/468

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qui se porte bien. Voilà le chapitre du carême vidé. J’ai vu le temps que vous n’aviez pas de si bon poisson à Grignan[1]

Mais un mot des sermons[2]  : que je vous plains d’en entendre si souvent de si longs et de si médiocres ! c’est ce que M. Nicole n'a jamais pu gagner sur moi, que cette patience, quoiqu’il en ait fait un beau traité[3]. Quand je serai aussi bonne que M. de la Garde, si Dieu me fait cette grâce, je les aimerai[4] en attendant, je me contente des évangiles expliqués de M. le Tourneux[5]15 : ce sont les vrais sermons ; c’est la vanité[6] des hommes qui les a chargés de tout ce qui les compose présentement. Nous lisons quelquefois des homélies de Saint-jean Chrysostome ; cela est divin[7]et nous plait tellement que pour moi j’opine à n’aller à Rennes que pour la semaine sainte, afin de n’être point exposée à l’éloquence redoublée des prédicateurs en faveur du parlement[8] Je me suis souvenue, ma bonne, du jeûne austère que vous faisiez autrefois le mardi gras, ne vivant que de votre amour-propre, que vous mettiez à toutes sauces, hormis à ce qui

  1. 11. Cette phrase n’est que dans notre manuscrit.
  2. 12. « Disons un mot des sermons. » (Edition de 1754.)
  3. 13. Le huitième du tome III des Essais de morale : Des moyens de profiter des mauvais sermons.
  4. 14. « J’aimerai tous les sermons. » (Édition de 1754.)
  5. 15. «  Expliqués par M. le Tourneux.  » (Ibidem.)-- C’est en 1682 que le Tourneux avait donné « son Carême chrétien, tout composé des Épîtres, Evangiles et prières récitées dans l’Église en ce saint temps, avec des explications saines, instructives et populaires : c’est par là qu’il débuta dans son Année chrétienne, continuée depuis avec un succès croissant. » (M. Sainte-Beuve, Port-Royal, tome V, p. 63.)
  6. 16. Et c'est la vanité etc (Edition de 1754.)
  7. 17. « Cela est divin. » (Ibidem.)
  8. 18. « A l'éloquence des prédicateurs qui s’évertuent en faveur du parlement. (Ibidem.) Mme de Sévigné alla en effet à Rennes à la fin du carême : voyez ci-après, p. 483.