Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/480

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persuadée que vous n’y manquerez pas. Point d’ennemis, ma chère enfant, faites-vous une maxime de cette pensée, qui est aussi chrétienne que politique ; je dis non-seulement point d’ennemis, mais beaucoup d’amis ; vous en avez senti la douceur dans votre procès ; vous avez un fils, vous pouvez avoir besoin de tel que vous ne croyez pas qui puisse jamais vous servir : on se trompe. Voyez comme Mme de la Fayette se trouve riche en amis de tous côtés et de toutes conditions : elle a cent bras, elle atteint partout ; ses enfants savent bien qu’en dire, et la remercient tous les jours de s’être formé un esprit si liant ; c’est une obligation qu’elle a à M. de la: Rochefoucauld, dont sa famille s’est bien trouvée. Je suis sùre que depuis quelques années vous êtes dans ce sentiment.

Vous m’expliquez parfaitement Mme Reinié : la plaisante chose de quitter ainsi Paris, son mari, toutes ses affaires, pour s’en aller trois ou quatre mois courir tout partout dans la Provence, demander de l’argent, n’en point recevoir, se fatiguer, s’en retourner, faire de la dépense, et de plus gagner un rhumatisme ! car figurez-vous qu’elle a des douleurs tout partout ; et tellement qu’à la fin vous en êtes défaite.

J’aime fort l’amitié de Pauline pour M. Nicole ; c’est signe qu’elle, le lit avec attention : ce goût me donne la meilleure opinion du monde de son esprit ; j’aime aussi la colère où elle est que les évèques ne se battent pas à qui l’aura. Mais, ma belle, par votre foi, pensez-vous qu’il n’y ait qu’à nous donner un premier tome du roman de la princesse, de l’infante, du premier ministre, aussi joli que celui que nous avons vu[1] et puis nous

  1. 3. C'étoit une relation en forme de roman, de ce qui se passoit dans l’intérieur de la maison de M. de Grignan. (Note de Perrin.)