Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/479

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sa promotion est arrivé en sept jours Monsieur de Beauvais fut transporté de joie. Le Roi est content au dernier point de son ambassadeur ; il y a bien de l’apparence qu’il fera tous les miracles qui sont à faire à Rome. Mme de Chaulnes m’écrit d’un style triomphant ; elle est gaillarde, elle a raison. Il faut cependant écrire à ce nouveau cardinal ; c’est ce que je viens de faire ; je suis

    donna ordre aux cardinaux français d’insister pour que cette promotion eût lieu, et même d’en faire auprès du pape futur une des conditions de leur suffrage. Le cardinal Ottoboni ayant été élevé au pontificat, se montra disposé à donner le chapeau à l’évêque de Beauvais. Le seul motif qui pût l’y déterminer, était de faire quelque chose d’agréable au roi de France, car la présentation du roi de Pologne était pour ainsi dire révoquée, et les cardinaux de la faction d’Autriche opposaient une bulle de Pie II, qui défend de promouvoir à des dignités ecclésiastiques, avant la rétractation, celui qui aurait appelé du pape au futur concile. Alexandre VIII ne laissa pas de passer outre, et de déclarer le 13 février 1690, l’évêque de Beauvais cardinal ; il dit seulement après le consistoire « qu’il n’auroit jamais fait Monsieur de Beauvais cardinal, sans une lettre qu’il avoit reçue de lui, qui-lui donnoit une entière satisfaction, et qu’il ne manqueroit pas de faire enregistrer. » Mais il se garda bien de montrer cette lettre, qui n’était qu’un compliment respectueux et soumis. Le cardinal de Bouillon écrivit tout ce qui s’était passé au nouveau cardinal, ajoutant que « s’il étoit assez malheureux, après le service qu’il venoit de lui rendre, pour trouver en lui la même ingratitude qu’il avoit trouvée dans une autre personne qu’il lui nommoit (le cardinal d’Estrées), au cardinalat de laquelle il croyoit avoir plus contribué qu’aucun particulier, cela le guériroit pour le reste de ses jours de la pensée de trouver de la reconnoissance dans ceux pour lesquels il s’étoit le plus employé. » L’évêque de Beauvais prit d’abord le nom de sa maison (de Forbin ou Fourbin), et à la prière du marquis de Janson, son frère, il porta le surnom de sa branche : voyez les Mémoires de Coulanges, p. 106, 159, 180,181 et 281. (Note de l’édition de 1818.) C’est dans l’assemblée des prélats tenue en 1682 à l’archevêché de Paris que l'évèque de Beauvais avait, disait-on, appelé du pape au futur concile. Quant au reproche qu’on lui faisait d’avoir fait venir les Turcs, le nouveau pape l’avait justifié d’avance, en représentant à son prédécesseur que l’évêque de Beauvais avait agi en cette circonstance non comme évèque, mais comme ambassadeur.