Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/483

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solitude m'accommoderait mieux que la compagnie que j’ai. Le voisinage de ma petite belle-sœur[1] me tire d’affaires de temps en temps ; je recueille avec elle ce que j’ai semé ; car je lui ai donné de l’esprit, et elle me le rend avec usure.

Quand votre lettre est arrivée, ma chère cousine, Monsieur d’Autun étoit à Lyon à une assemblée du clergé. Il vient d’en revenir ; je lui ai envoyé votre lettre, qui lui a fait un grand plaisir ; il me mande qu’il va vous écrire. Le nom qui vous est inconnu dans la lettre que nous vous écrivîmes, est celui de l’abbé Senault[2], un des neveux de Monsieur d’Autun, fort honnête garçon.

Je m’en vais à ce Pâques-ci faire un tour à Versailles : il me paroît honnête à moi d’offrir au Roi mes services dans la conjoncture présente, quand je saurois encore plus assurément que je ne fais qu’il ne me prendra pas au mot ; c’est toujours un acte de mes diligences. Je vous écrirai de ce pays-là.

Comme vous vous représentez à nous, il y a de la tiédeur dans votre fait, ma chère cousine ; mais qui est-ce qui n’en a point ? il n’y a que les impies et que les saints ; et pour moi j’aime encore mieux être comme vous[3], que dans l’extrémité du vice, ne pouvant parvenir à celle de la vertu. On a beau dire, je ne pense pas que Dieu nous revomisse[4].

  1. 5. Mme de Toulongeon.
  2. 6. Bernard de Senault (ou Senaux, Bussy écrit ici Senaut), nommé évoque de Saintes au mois de juin 1702, et évêque d’Autun au mois de juillet suivant, sur la démission de son oncle. Il mourut le 3o avril 1709.
  3. 7. On peut douter s’il y a vous ou nous dans le manuscrit. La première édition (1697) donne vous.
  4. 8. Allusion au verset 16 du chapitre III de l'Apocalypse : Sed quia tepidus es, et nec frigidus nec calidus, incipiam te evomere ex ore