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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/484

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Je ne vous parle point des nouvelles du monde ; cela m’engagerôit à de trop grands raisonnements : je vous dirai seulement que le marquis de Bussy vient de partir d’ici pour se rendre promptement au Mont-Royal[1], où est le régiment de Mélac[2]. Son frère l’abbé vient de soutenir en Sorbonne des thèses avec l’approbation générale, et surtout du P. de la Chaise, ayant traité le chapitre de la Grâce comme la société[3]le pouvoit souhaiter. Il ne sera pas en âge compétent qu’il ne soit mitré 12.[4]

Adieu, ma très-chère cousine  : ayez soin de votre santé, et pour cela tenez-vous l’esprit gai ; voilà comme j’en use. Il y a longtemps que je serois mort, si j’avois pris les affaires à cœur ; la raison m’a beaucoup aidé, le tempérament encore plus. Ces deux choses me paroissent assez bonnes en vous, et c’est ce qui me fait compter pour vous sur une longue vie, et de vous entretenir, de vous écrire et de vous aimer encore trente ans durant ; après cela, ma chère cousine, je veux bien vous aller attendre en paradis.

    meo. « Mais parce que, tu es tiède, et ni froid ni chaud, je commencerai à te vomir de ma bouche. »

  1. 9. Mont-Royal (Monréal) est un bourg de la province du Rhin, en Prusse, non loin de Bingen, sur l’Elzbach. Dangeau (tome III, p. 209) écrit aussi Mont-Royal.
  2. 10. Voyez sur Mélac les Mémoires de Saint-Simon, tome IV, p. 19 à 21. La Gazette du 18 mars raconte à la date du 5, qui est précisément celle de notre lettre, que « le comte de Mélac, brigadier de cavalerie, » prit part à une expédition commandée par le marquis de Boufflers,« sur les frontières du Palatinat.  » II fut nommé maréchal de camp le 10 mars suivant, à la même promotion que Villars (voyez ci-après, p. 480, note 6), et céda son régiment à son frère.
  3. 11. Les jésuites.
  4. 12. L’abbé de Bussy devint évêque de Luçon en I713.