Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/491

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M. de Lamoignon ne sont pas dans une parfaite union, quoique beaux-frères[1] ce sont des caractères si différents, qu’il n’y a que la justice qui les unisse encore y a-t-il différentes manières de la prendre. Cet arrêt, où les conclusions de M. de Lamoignon furent suivies, avec tant de gloire pour lui, pour la maison de Lorraine, n’a été tiré du greffe et délivré que depuis trois jours. On a grondé cet avocat général d’avoir élevé si haut les louanges de cette maison, et on a nommé commissaire M. Dorât[2], pour informer contre M. de Commercy, de sorte que Mme de Lillebonne dit « Mes filles, qu’on ne peut empêcher de toucher leurs cent mille écus chacune, peuvent aller remercier Monsieur le premier président, mais je n’irai point voir un homme qui ôte à mon fils la duché de Joyeuse, et qui lui fait faire son procès[3]. » Voilà comme s’est tournée cette grande [affaire].

  1. 24. Le premier président Achille de Harlay avait épousé Anne-Madeleine de Lamoignon, sœur de l’avocat général.
  2. 25. Joseph Dorat, conseiller de grand’chambre au parlement de Paris, et conseiller d’État, mort au mois de septembre 1693. Le poëte Dorat était de cette famille. (Note de l'édition de 1827.) ---Dans l’État de la France de 1689 il y a un Etienne Daurat, conseiller de grand’chambre, un des plus anciens du parlement, où il avait été admis, dès 1641.
  3. 26. « Le testament de Mlle de Guise, qui a été confirmé depuis peu de jours, donne le duché de Joyeuse à M. de Commercy. Les conclusions de M. l’avocat général de Lamoignon, qui ont été suivies, portent que ce duché sera confisqué au Roi, et comme on ne peut confisquer le bien d’un homme dont le procès n’est pas fait, on travaille présentement à lui faire son procès. »(Dangeau, 13 avril 1690.) -- La confiscation du duché de Joyeuse tint pendant quelques années ; mais, après la mort du prince de Commercy, tué à la bataille de Luzzara, le 15 août 1702, le duché de Joyeuse fut de nouveau érigé en duché-pairie, en faveur de Louis de Melun, prince d’Épînoi, par lettres du mois’d’octobre T714. Ce prince avait épousé en 1691 Élisabeth de Lorraine Lillebonne, qui, après la mort de ses frères, exerça seule les droits de sa maison. (Note de l'édition de 1827.)