Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/497

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vous avez pour M. de Grignan, qui fait que vous ne sauriez être longtemps fâchée contre lui. Je crois qu’on pourroit faire de ce sentiment une maxime fort vraie : Quand on aime à un certain point, on oublie, c’est-à-dire on pardonne toujours [1].Son état est bien précisément le péché philosophique[2]; mais si vous êtes assez bonne pour ne le point damner, parce qu’il ne songe point à ce qu’il fait, il ne laisse pas de l’être véritablement à l’égard de ses affaires, qui ne peuvent pas comme vous toujours lui pardonner. Il y a des bornes de ce côté-là par malheur, et votre amitié, qui n’en a point, n’empêche pas la punition temporelle de tant de péchés continuels, et continués depuis si longtemps. Ce seroit une belle conversion, si de bonne foi il étoit réconcilié avec lui-même, qu’il se fût demandé pardon, qu’il se tut embrassé bien sincèrement, qu’il se fût promis de ne se plus faire tous les maux du monde. Le moyen de faire une bonne communion, quand on manque [à] ce premier commandement d’aimer son prochain, et soi-même par conséquent, comme soi-même? S’il y eût eu quelqu’un à qui il eût fait autant de mal qu’à lui, en vérité auroit-il été en état d’approcher des sacrés mystères ? Voyez comme les bons ouvriers, c’est-à-dire le P. Moret[3], se trompent quelquefois dans leurs absolutions. Enfin, si ce Comte s’aimoit autant que tout le monde l’aime, que de biens, que de grandeurs, que, de vénérables chapitres car nous en aurions fait encore un de l’autre côté. Mais parlons, à propos de grandeurs, de M. le cardinal deFourbin de Janson[4]. Il s’en va à Rome ; M. de Chaulnes

  1. 4. Voyez tome III, p. 212 et note 8.
  2. 5. Voyez la note 22 de la lettre précédente, p. 484.
  3. 6. Confesseur de M. de Grignan. (Note de l'édition de 1827.)
  4. 7. « M. le cardinal de Forbin s’en va à Rome; le pape le désire, et M. de Chaulnes aussi. On croit que nous aurons bientôt des