Cette page n’a pas encore été corrigée
44
1689
-venue avec tendresse de ce voyage.[1]
- ↑ 5. Mme de Sévigné avait fait ce voyage avec sa fille pendant l’été de l’année 1661. Voici comment cette date a été retrouvée. On lit dans le manuscrit 902, in-folio (tonte IX, p. 484), de la Bibliothèque de l’Arsenal, la copie d’une lettre mêlée de prose et de vers, écrite de Fontainebleau, le 3 novembre 1661, par un conseiller au parlement de Paris, dont le nom est resté inconnu; elle contient le récit d’un voyage fait en Bretagne pendant l’été de 1661. J’ai cru devoir insérer ici la portion de cette lettre qui est relative à Mme de Sévigné, en retranchant plusieurs vers qui sont marqués au coin du plus mauvais goût. « J’ai eu l’avantage d’être un mois durant voisin de Mme la marquise de Sévigné, dont la maison n’est qu’à deux lieues de nous. Cette favorable conjoncture me l’a bien mieux fait connoître par ellemême, que par ce grand et légitime bruit que son mérite fait dans le monde. Je ne vous en dirai rien du tout, et je vous renvoie ou à la connoissance que vous en avez, ou à la foi publique. Mademoiselle sa fille est une autre merveille dont je ne vous dirai rien non plus Vous la verrez, si vous ne l’avez vue, Vous la verrez de mille attraits pourvue, Briller d’un éclat sans pareil, Et vous direz en la voyant paroître C’est un soleil qui ne fait que de naître (elle avait i3 ans) Dans le sein d’un autre soleil. a Le lieu où ces déités me sont apparues est une maison située à une lieue de Vitré, grande et belle pour ses bâtiments et ses jardins, où Mme de Sévigné passe de temps à autre quelques mois de l’année, et où, dans un fond de province, on trouve la même politesse que dans Flle-de-France. « J’ai encore à vous rendre compte du pèlerinage que j’ai fait au mont Saint-Michel. Ce mont est une chose singulière, oùil y a une fort belle abbaye, et c’est tout vous dire que Mme de Sévigné avoit eu la même curiosité huit ou dix jours avant moi, et en avoit été fort satisfaite: ce qui me donna lieu de lui en écrire, à mon retour, une lettre que je ne mets ici que pour vous servir d’une manière de description de cette montagne. » La description emphatique que l’anonyme adresse à Mme de Sévigné se termine ainsi Vous l’avez vu, Madame, et savez si je mens ; Vous avez triomphé de la roche superbe Vos beaux pieds l’ont foulée, ainsi qu’on foule l’herbe ;