longtemps dans sa chambre. En bénissant encore ses enfants, elle dit : « Et vous aussi, mon petit Berry[1] quoique vous soyez cause de ma mort ; » et il se trouve que cela n’est pas et qu’elle n’avoit aucun mal dans tous ces lieux-la : je voudrois qu’on pût lui dire combien elle s’est trompée. Le Roi et toute sa cour est à Marly pour quinze jours[2]. Elle a donné quarante mille francs à Bessola[3], et l’a fort recommandée au Roi ; un diamant[4] à Madame ; une bague de cinquante louis à la maréchale de Rochefort[5]. On ne porte le deuil que six mois. Je suis folle, ma pauvre bonne, de vous dire toutes ces choses, qu’on vous mande comme à moi. J’ai été accablée de lettres sur cette mort ; il me sembloit[6] que tous mes amis et amies
- ↑ 5. Charles duc de Berry, le dernier fils de la Dauphine, était né le 3i août 1686. La Dauphine était persuadée qu’elle mourait des suites de sa dernière couche ; les gens de l’art n’attribuèrent cependant pas sa mort à cette cause : voyez le journal de Dangeau, au 21 avril, tome III, p. 101 et 102. Madame n’en resta pas moins convaincue que la princesse avait succombé à l’impéritie de Clément son accoucheur : voyez le tome II de sa Correspondance, p. 86 et 87. (Note de l’édition de 1818.)
- ↑ 6. Le Roi, accompagné du Dauphin seulement, partit pour Marly aussitôt après la mort de la Dauphine. Il revint à Versailles avec son fils le 3 mai. Voyez la Gazette du 22 avril et celle du 6 mai. Nous lisons dans le même journal (29 avril) que le reste de la famille royale alla le 25 « jeter de l’eau bénite » sur le corps de la défunte, à Versailles.
- ↑ 7. Femme de chambre allemande. Voyez les Souvenirs de Madame de Caryus, tome LXVI, p. 427 et 428. -- Elle laisse à Mlle Bessola, dit le Mercure d’avril (p. 331), qui est venue avec elle de Bavière et qu’elle a toujours fort considérée, son prie-Dieu et son bureau, et prie le Roi d’avoir soin d’elle. Sa Majesté lui a déjà donné quatre mille livres de pension. »
- ↑ 8. « Un diamant jaune en bague. » (Mercure, ibidem.)
- ↑ 9. Première dame d’atour de la Dauphine.
- ↑ 10. «II me sembloit. » (Édition de la Haye, 1726.)
que la mourante dit au duc de Berry : « Elle voulut bénir les jeunes princes ses enfants, celui-là même qu’elle croyoit être l’enfant de sa douleur.