Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/509

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eussent peur que je l’ignorasse : c’étoit comme une con- spiration. Je ne sais qui se sera chargé de son oraison funèbre[1] ; pour moi je n’y trouve que trois points : M. le duc de Bourgogne, M. le duc d’Anjou, , M. le duc de Berry, et c’est un assez grand panégyrique pour une dauphine.

  • 1275. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

[Aux Rochers,… mai.]

Je suis persuadée que la Providence vous récompensera de la confiance que vous avez en elle ; il y a longtemps que je vous observe et que je vous admire. Je vous vois la femme forte, toute sacrifiée à tous vos devoirs, en faisant un usage admirable de la bonté et de l’étendue de votre esprit. Si Rome pouvoit être sauvée, vous la sauveriez ; c’est un mot d’un ancien[2] . Vous en faites aisément l’application, et vous y prenez d’une manière à ne devoir désespérer de rien. Que ne faites-vous point[3] ?….. d’emprunter pour payer des choses importantes ; enfin, depuis le sceptre jusqu’à la boulette, vous suffisez à tout. Vous avez une capacité sur les affaires qui me surprend ; on peut avoir beaucoup d’esprit sans en avoir de cette sorte :je l’admire d’autant plus, qu’il est cent piques

  1. 11. Elle fut prononcée par Fléchier, le 15 juin suivant, à Notre-Dame, en présence du duc de Bourgogne, de Monsieur, et des princes et princesses du sang. -- Les éditions de 1726 donnent : « qui sera chargé, » leçon peut-être préférable.
  2. LETTRE 1275 (revue sur une ancienne copie). -- 1. Allusion à ce passage de Virgile (Enéide, livre II, vers 291 et 292) Si Pergama dextra Defendi possent, etiam hac defensa fuissent,
  3. 2. Le copiste a ici sauté quelques mots.