Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/516

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le transport de cette charmante métamorphose, touchée, comme je le suis naturellement, de la reconnoissance, au lieu de dire mille maux de moi, comme font les dévots, de me charger d’injures, de m’appeler un vaisseau d’iniquité [1], je ferois honneur à la grâce de Jésus-Christ, et j’oublierois mes misères pour célébrer ses louanges et ses miséricordes.

Voilà une folie que je vous confie, car elle est si peu en usage, qu’on me jetteroit des pierres.

I278. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN

A MADAME DE SÉVIGNÉ

Les premiers jours d’avril, étant parti de Chaseu pour la cour, j’y arrivai le 20è ; j’y demeurai un mois de suite, et après, m’en étant retourné à Paris, j’en écrivis cette lettre à Mme de Sévigné.

A Paris, ce 31è mai 1690.

Il y a six semaines que je suis en ce pays-ci, Madame, c’est-à-dire à Paris en passant, et d’ordinaire à Versailles : il y a pourtant huit jours qu’une colique me ramena ici[2]. J’ai été chercher deux fois notre ami Corbinelli sans le trouver, mais il faut vous entretenir de ma famille et du sujet de mon voyage.

Premièrement, je vins descendre chez ma fille de Montataire, qui vient d’aller en Picardie avec son mari et son frère l’abbé, pour un reste de l’affaire de Manicamp[3] ;ils

  1. 4. Voyez le Tartuffe, acte III, scène VI. -- On sait que le mot latin vas, dans les locutions bibliques vas iniquitatis electionîs, irae, etc., se traduisait aussi bien par vaisseau que par vase. Vasa iniquitatis se lit au chapitre XLIX de la Genèse, verset 5.
  2. Lettre 1278. -- 1. Au lieu des mots : « me ramena ici, » Bussy avait d’abord écrit : « m’y ramena. »
  3. 2 Voyez la note 7 de la lettre du 8 juillet 1680, tome VI, p. 517.