Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/528

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̃vous, et que rien ne vous empêchera de la croire si vous le voulez. Mais elle ne vous dit pas, Monsieur, que personne ne vous honore plus que je fais, et ne souhaite plus ardemment que moi, que la fortune vous rende enfin justice, et vous fasse obtenir et jouir encore longtemps des grâces et des honneurs que vous méritez.

1292. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN A MADAME DE SÉVIGNÉ ET A CHARLES DE SÉVIGNÉ.

Huit jours après que j’eus reçu cette lettre, j’écrivis celle-ci à Mme de Sévigné.

À Paris, ce 22è juin[1] 1690.

A MADAME DE SÉVIGNÉ.

IL y a huit jours que j’ai reçu votre lettre du 11è de ce mois, Madame, mais j’étois à Versailles avec une espèce de goutte, qui bien qu’elle ne m’ôtât pas la liberté d’écrire, m’ôtoit celle d’écrire avec la gaieté[2] d’esprit que je veux avoir avec vous. Je suis venu ici pour la reprendre, et j’espère d’y parvenir. Ma fluxion est fort diminuée, et à un homme de l’humeur dont je suis, un moindre mal est un bien. Votre lettre même, qui est plus vive que la précédente, m’anime et me convie à vous écrire gaiement ; j’ai trouvé plaisant l’endroit de votre lettre où vous me dites : "Je ne savois où vous adresser ma lettre, car le cœur me disoit, je ne sais pourquoi, que vous n’étiez point chez votre gendre de Montataire. »[3] Jamais négative

  1. LETTRE 1282. -- 1. Bussy avait d’abord écrit juillet, puis il l’a corrigé en juin.
  2. 2. Devant gaieté, il y a dans le manuscrit liberté, effacé.
  3. 3. Bussy avait fait un assez long séjour chez Mme de Montataire en 1687. Voyez ses Mémoires, tome II, p. 302.