Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/556

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1289. -- DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN

[Aux Rochers,… juillet[1]1]

……Votre, raisonnement sur la rapidité du temps, qui travaille autant contre nous que pour nous, en nous emmenant nos chères créatures comme il nous les amène, est une chose trop aimable : c’est ce qu’on a toujours pensé, ce qu’on n’a jamais si bien dit ; et cette prière que vous en avez si bien tirée, où vous déguisez ce mot d’éternité si joliment, qu’elle devient votre prière particulière est une traduction si bonne, qu’assurément, avec votre permission, j’en ferai la mienne[2]. Elle fait le même plaisir, par ce changement, que nous faisoient autrefois certaines prières nouvelles que nous mettions3 de notre prière du soir, et que nous appelions de la pluche[3]4 Nous ôtâmes doucement « Souvenez-vous



3. Tel est le texte du manuscrit. Dans l’édition de 1,827 on avait substitué tirions à mettions.

  1. LETTRE 1189 (revue sur une ancienne copie). -- :1. Ce fragment est aussi sans date dans le manuscrit, mais celle de la lettre dont il faisait partie est fixée par la mention du duc de Savoie et des Te Deum. Dans la première édition (1837), on l’avait placée au dimanche 16 juillet; c’est très-probablement un peu trop tôt : voyez ci-après la fin de la note 8.
  2. 2. -Voyez cette prière de Mme de Grignan au commencement de l’alinéa suivant.
  3. 4 Mme de Sévigné rejetait, avec ses amis de Port-Royal, les prières nouvellement introduites dans l’usage des fidèles. Elle appelait cela éplucher sa prière du soir. (Note de l’édition de 1827.) II est singulier que ce motif l’ait portée à retrancher l’oraison Memorare, o piisima Virgo Maria, etc. Cette prière est attribuée communément à saint Bernard, et le fond peut en effet être tiré de diverses invocations à la sainte Vierge qui se trouvent dans les œuvres de ce père. Il parait que c’est dans la première moitié du dix-septième siècle que l’usage en devint vulgaire, particulièrement grâce au zèle d’un saint prêtre, le P. Bernard, connu sous le nom du pauvre prêtre, mort en 1642.