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marquis en le laissant au nombre de ceux qui demeurèrent avec M. de Boùfflers. Je la remercie aussi d’avoir si soigneusement conservé le chevalier de Pompone. Savez-vous bien que nul autre, après le marquis, ne me pouvoit donner tant d’émotion? Je fus accablée de tous côtés de ses louanges, et suivant ma bonne coutume, les grosses larmes me tomboient des yeux j’étois ravie, j’étois transportée. M. de Pompone n’est-il pas content au dernier point? le Roi lui dit tout ce qui se peut souhaiter si on avoit imaginé une occasion et des paroles à plaisir. Mais je ne comprends point du tout ce que vous me dites : vous mentez. Comment diantre voulez-vous qu’on passe cette rivière à nage2. Voyez ci-dessus, p. 537, note 4. tout nu (car vous le dites), et qu’on ait son épée dans sa bouche, et qu’on arrive, et que sans se rhabiller on se batte contre des gens que vous forcez dans. une redoute? Si vous ne me rendez cet endroit vraisemblable, je croirai que j’ai lu un roman. Quand vous en ôteriez la moitié, il y en auroit encore assez car passer à la faveur des coups de mousquet et à la nage, à cheval, et se battre en arrivant, et faire le diable à quatre, comme il a fait trois jours durant comme un dragon au milieu de ses dragons, dont il a perdu deux cents autour de lui : en vérité ce seroit encore plus qu’il ne m’en faut pour être parfaitement contente. Mme de Vins me fit un véritable plaisir de me mander cette agréable aventure, mais elle en cachoit la moitié.