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1689

’Pourquoi de votre argent votre fils et mon père

Ont-ils acquis pour moi ce qui me désespère?

Cette noblesse enfin, qui, par nécessité,

Me fait être guerrier contre ma volonté ?

Adieu mon cher jardin qui fîtes mes délices;

Adieu de mes jets d’eau les charmants artifices ;

Adieu fraises, adieu melons,

Adieu coteaux, adieu vallons.

Afin de soulager le chagrin qui me presse,

Que vos échos disent sans cesse

« Notre maître, qui fut si doux,

Qui fuyoit la fatigue et qui craignoit les coups,

Est allé s’exposer à la fureur des armes

Ciel, par un prompt retour finissez ses alarmes »

DE BUSSY RABUTIN A CORBINELLI 1 

Le même jour que j’écrivis à Mme de Sévigné, j’écrivis cette lettre à Corbinelli.[1]

A Chaseu, ce 13è mai 1689.

Vous avez grande raison, Monsieur, d’être affligé du départ de ma cousine de Sévigné : personne ne vous aime plus qu’elle fait, et personne n’est plus agréable amie qu’elle. Je ne suis pas contre une absence de huit jours, de mon amie ou de ma maîtresse mais une absence de six mois est trop longue pour tout le monde, et surtout pour les sexagénaires, qui n’ont point de temps à perdre. Voilà bien de la. guerre, cela amuse les guerriers et divertit les spectateurs; mais ceux-ci n’y veulent pas tant de finesse la brutalité et l’emportement des acteurs leur feroit bien plus de plaisir[2]



x

  1. LETTRE 1177. 1. Cette lettre, qui se trouve dans notre manuscrit et qui a été imprimée, avec de légères variantes, dans l’édition de 1697, manque dans l’impression de 1818.
  2. 2. A la suite de ce paragraphe on lit, en interligne, dans notre