Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/584

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l302. DE MADAME DE LA FAYETTE

A MADAME DE SÉVIGNÉ.

Paris, le 20è septembre.

Vous avez reçu ma réponse avant que j’aie reçu votre lettre. Vous aurez vu par celle de Mme de Lavardin et par la mienne que nous voulions vous faire aller en Provence, puisque vous ne veniez point à Paris ; c’est tout ce qu’il y a de meilleur à faire : le soleil est plus beau ; vous aurez compagnie, je dis même séparée de Mme de Grignan, qui n’est pas peu ; un gros château, bien des gens enfin c’est vivre que d’être là. Je loue extrêmement Monsieur votre fils de consentir à vous perdre par votre intérêt ; si j’étois en train d’écrire, je lui en ferois des compliments. Partez tout le plus tôt qu’il vous sera possible ; mandez-nous les villes par où vous passerez, et à peu près le temps ; vous y trouverez de nos lettres. Je suis dans des vapeurs les plus tristes et les plus cruelles où l’on puisse être : il n’y a qu’à souffrir,[1] quand c’est la volonté de Dieu.

C’est du meilleur de mon cœur que j’approuve votre voyage de Provence ; je vous le dis sans flatterie, et nous l’avions pensé, Mme de Lavardin et moi, sans savoir en façon du monde que ce fût votre dessein [2]2.

  1. Lettre 1302. -- 1. Mme de la Fayette éprouvait depuis longtemps les atteintes de la maladie dont elle mourut au commencement de juin 1693. Aussi Mme de Sévigné écrivait-elle à Mme de Guitaut le 3 juin 1693 : Ses infirmités, depuis deux ans, étoient devenues extrêmes;…. elle avoit une tristesse mortelle:…. la pauvre femme n’est présentement que trop justifiée. » (Note de l’édition de 1818.)
  2. 2. C’est ce que Mme de Sévigné appeloit l' approbation de ses docteurs. (Note de [édition de 1751.)