Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/597

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


tion ; mais il ne faut faire à présent que la table des chapitres pour quand nous nous verrons. M. le duc de Chaulnes nous a écrit de fort aimables lettres, et nous donne une espérance assez proche de le voir bientôt à Grignan ; mais auparavant il me paroît qu’il ne croit pas impossible d’envoyer enfin ces bulles si longtemps attendues, et trop tôt chantées[1] qui n’eût pas cru que l’abbé de Polignac les apportoit ?[2] Je n’ai jamais vu

    le Poitou et la Marche, qui étaient de son département. M. de Pontchartrain a-voit prié le Roi de ne le point charger de la marine, parce qu’il n’en a aucune connoissance ; le Roi a voulu absolument qu’il s'en chargeât. Il a présentement tout ce qu’avoit M. Colbert, hormis les bâtiments. »

  1. 7. Voyez plus haut, p. 530 et notes 18 et 19.
  2. 8. Coulanges donne dans sa Relation des conclaves (publiée sous le titre de Mémoires) des détails importants sur l’affaire des bulles. Quand Alexandre VIII fut élevé au pontificat, il demanda seulement que le Roi déclarât que la bonne intelligence rétablie entre le saint-siége et la cour de France, rendant inutiles les précautions auxquelles on avait été forcé de recourir, il consentait qu’en matière de doctrine les choses fussent remises en l’état où elles étaient avant Innocent XI. Le pape devait, de son côté, faire une déclaration semblable, et il promettait de donner ensuite des bulles aux évéques nommés, sans exiger d’eux aucune rétractation des sentiments manifestés dans l’assemblée de 1682. Le duc de Chaulnes fit une grande faute : au lieu d’instruire le Roi de la proposition du pape, ainsi que le voulait le cardinal de Bouillon, il entretint Sa Majesté dans l’espérance d’obtenir tout ce qu’on désirait, et il insista auprès d’Alexandre VIII pour que Sa Sainteté voulût bien se contenter d’une lettre collective et concertée, écrite par les évéques qui avaient assisté à l’assemblée du clergé, et qui aurait été conçue dans des termes généraux de soumission et d’obéissance au saint-siége. Le pape n’y consentit point et, après de longues négociations, le duc de Chaulnes et le cardinal de Bouillon crurent avoir terminé toutes les difficultés en amenant Sa Sainteté à n’exiger qu’une lettre écrite, dans des termes convenus, par chacun des évêques nommés. Cette lettre était beaucoup plus honorable pour la France que celle qui fun ut écrite ensuite par les évèques à Innocent XII. (Voyez d’Àvriguy, Mémoires chronologiques, août 1693.) L’abbé, depuis cardinal de Polignac, fut chargé d’apporter au Roi ce projet. Il partit de Rome le Ier juillet 1690, mais