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et de vos affaires ; je ne laisse pas de songer aux miennes, et d’y donner les ordres nécessaires ; mais le principal, c’est d’être ici, et de laisser passer quelque argent ; c’est avec peine [1]qu’on en touche en ce pays les troupes : ruinent tout. On prend toutes les précautions possibles, comme si le prince d’Orange ne songeoit qu’à nous ; et apparemment il n’y aura rien de vrai que la désolation de cette province. Mon fils est encore avec nous ; nous tremblons que l’ordre de M. de Chaulnes ne le fasse partir incessamment à la tête de sa noblesse cela s’appelle colonel d’un régiment de noblesse ; c’est toute celle de Rennes et de Vitré, qui est de cinq ou six cents gentilshommes. Au reste, nos soldats commencent à faire l’exercice de bonne grâce, et deviendront bientôt comme les autres :e sont les commencements qui sont ridicules ; je vous assure qu’il y en a à Vitré qui ont un fort bon air.
Ne croyez pas, ma fille, que je me sois brouillée avec M. et Mme de Chaulnes pour loger chez Mme de Marbeuf : je leur en parlai, ils le voulurent fort bien outre que Mme de Kerman étoit chez eux, c’est que je n’eusse pas eu un moment de repos dans cet appartement. J’étois à merveilles chez cette bonne marquise ; et j’ai si bien fait que je l’ai remise comme elle doit être avec M. et Mme de Chaulnes, c’est-à-dire allant les voir ; ils ont même oublié [2] le passé pour l’amour de moi, et l’ont priée à manger. Son crime étoit d’avoir reçu M. de Pontchartrain chez elle, de lui avoir donné un souper magnifique, et d’avoir dit qu’on le regardoit comme le sauveur et le restaurateur de la province
[3]Vous savez ce que